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Le transfert anticipé de souveraineté en Irak éclipse Istanbul
Mon June 28, 2004 10:31 AM CEST
ISTANBUL (Reuters) - Le transfert anticipé de souveraineté au gouvernement intérimaire irakien a éclipsé l'ouverture du sommet de l'Otan à Istanbul, où plusieurs dirigeants alliés, dont Jacques Chirac, ont été pris de court.
La décision d'avancer de deux jours ce transfert, prévu le 30 juin prochain aux termes de la résolution 1546 du Conseil de sécurité de l'Onu, a été officiellement prise dimanche par le Premier ministre irakien Iyad Allaoui pour dérouter les poseurs de bombes de plus en plus actifs ces derniers jours.
Elle a été préparée par les ex-puissances occupantes qui, désormais, disposent du statut de force multinationale.
Un responsable américain a confirmé en marge du sommet d'Istanbul que l'objectif était d'éviter que la cérémonie de transfert, qui a eu lieu lundi matin dans une certaine discrétion, ne provoque un nouveau carnage dans tout le pays.
"Le président était content d'apprendre que le Premier ministre Allaoui était disposé et en mesure d'accepter ces responsabilités plus tôt," a déclaré un responsable américain.
"Allaoui est arrivé dimanche à la conclusion que cela renforce sa main d'effectuer le transfert avant le 30 juin," a-t-il ajouté.
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hochiar Zebari, avait donné la première indication lundi matin à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre britannique Tony Blair.
"Je crois que nous défierons ces forces terroristes, criminelles, Saddamistes et anti-démocratiques en avançant même la date du transfert", avait-il dit à des journalistes.
Interrogé par la chaîne de télévision CNN-Türk, il a par la suite prédit que les attaques ne s'arrêteraient pas avec le transfert de souveraineté.
LA FRANCE PAS MISE AU COURANT
"Nous demandons aux alliés et aux pays amis de continuer à nous aider à ce sujet," a-t-il déclaré en soulignant qu'il ne demandait pas des troupes de maintien de la paix, mais une aide à la "formation et des munitions".
L'Otan devait répondre positivement à cette demande lundi en acceptant de participer à la formation des troupes irakiennes, même si les modalités continuent à les diviser, la France par exemple ne voulant pas envoyer de "formateurs" en Irak.
Plusieurs dirigeants alliés n'ont pas été mis au parfum.
Après avoir semblé pris de court, on soulignait de source diplomatique française que la France n'avait pas à être informée, n'étant pas une des ex-puissances occupantes.
Pendant que ces annonces occupaient le devant de la scène, le président français accueillait officiellement les sept nouveaux Etats membres de l'Alliance atlantique et célébrait l'unité et l'amitié retrouvées de l'Otan.
"Le monde retrouve ici à Istanbul (le) même esprit d'amitié et de fraternité", que lors des cérémonies commémorant le Débarquement allié en Normandie, le 6 juin dernier, a-t-il dit.
Il lui revenait d'accueillir les sept nouveaux membres en sa qualité de plus ancien chef d'Etat en fonction.
"Il voit une communauté de peuples unis par leur amour de la liberté et de la démocratie", a-t-il souligné.
"Vous êtes aujourd'hui pleinement dépositaires et tributaires de cet esprit d'amitié, de valeurs partagées, de confiance, de respect mutuel qui fondent le lien de sécurité indéfectible entre l'Europe et l'Amérique du Nord", a ajouté Jacques Chirac.
Il a rendu hommage aux "efforts" et aux "engagements" réalisés par les nouveaux membres (Lettonie, Lituanie, Estonie, Slovénie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie).