Mon Ombre est personne
Ma force est démesurée,
Ma vue est perçante,
Mon ouïe est fine,
Mon cœur est gelé,
Ma mémoire est infinie,
Ma beauté est injurieuse,
Ma vie est unique.
Je vais vous conter mon histoire. Le récit d’une Ombre qui sauva le monde !
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00_PRELUDE
Torture
L’air empli mes poumons pour la première fois, qu’un homme désire déjà m’ôter le droit de vivre. Les premiers sons qui me parviennent, ne sont que cris et douleurs. J’aperçois une femme, peut être ma mère, poignets et chevilles liés par des chaînes. De nombreux filets de sang coulent sur son corps dévêtu. Deux hommes masqués écorchent sa peau avec des couteaux. Un troisième homme la questionne sans relâche : Qui est son père ? Qui ? Ce même homme qui me tient au dessus du vide par les cheveux.
Survie
Arèèès ! Est-ce un appel au secours ? Un aveu ? Une telle détresse émane de cette femme. Tuer la ! Un souffle de folie claque dans la pièce. Mon tortionnaire me projette au sol. Les hommes masqués se dirigent vers moi. Non, Eros, laisse là vivre, par pitié ! Les Furies répandront ton sang et continueront de te tourmenter en enfer... Pense à ton âme...
Fuite
Ombre, fuis loin de la Grèce, quitte ce pays maudit par la cupidité des Dieux. Ecoute ta misérable mère. Encore des larmes et des cris. Ma vision est trouble, mes jambes tremblent, les battements de mon cœur assaillent mes tympans. Mes pensées ne sont que méandres, mais une chose est claire, si je veux vivre, je dois fuir… Dans ma fuite j’entends ma mère me crier son nom, Psyché.
Avancer
Ombre …, tel est mon nom. Comme un bateau qui dérive, sans but, je marche seule, toute seule et anonyme. Pour me noyer d’ailleurs, je marche seule, que mes pas qui résonnent, en oubliant les heures. Je m’enfuis, je n’oublie pas les acteurs de ma naissance, les heures de terreurs, ma vie déraisonne et l’envie m’abandonne. Je marche seule, sans témoin, sans personne, avec pour seule amie et ennemie la peur de l’inconnu.
Exil
Ma destinée est de rester cachée ! Je sens une présence derrière moi, je sais que des hommes me traquent, certainement des sbires d’Eros. La peur, mon amie, sans toi je ne trouverai pas le courage d’avancer jour après jour. La peur, mon ennemie, tu consommes tant d’énergie, tu m’épuises. Je ne reste pas plus de deux nuits dans un même village, j’espère que cela m’évitera toute rencontre regrettable. Un saule pleureur sera ma demeure pour cette nuit.