L'épopée d'Achillas - L'amnésie d'un myrmidon

Venez partager et détailler les aventures de vos personnages !

L'épopée d'Achillas - L'amnésie d'un myrmidon

Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 11:09 am

Prologue

La foule se tait, les agitateurs cessent leurs méfaits, les danseurs se stoppent dans leurs lancées, le vieux sage vient de se lever. Le « vieux sage » c’est le pseudonyme d’un homme trop vieux pour que quelqu’un se souvienne de son nom, même les plus vieux sangs du village l’ont toujours vu vieux. On l’appelle comme ça dû à sa grande intelligence, son grand calme, il est le reflet de l’esprit parfait. Le sage caresse sa barbe, l’air pensif ; tout le monde sait déjà qu’il va compter une histoire, une épopée héroïque peut-être vieille de plusieurs siècles. La foule s’assoit et prends place, qu’ils soient hommes patibulaires, femmes sages ou suspectes, enfants teigneux ou en partie assoupis, tout le monde et ce, sans exception, écoute le vieux sage. Celui qui enfreint cette règle se ferait bien vite rappeler à l’ordre par une nuée de regards accusateurs.
Le conteur se redresse, fait craquer ses articulations noueuses, il se sent prêt, tout comme l’assemblée.

-Odyssée … Iliade …
Un feu de camp est allumé, l’ambiance est symbole de sérénité.
-Je vais vous compter l’histoire d’un homme, un soldat, un héros. Vous connaissez tous le grand Achille, je suppose ?
Ses yeux globuleux s’adressent à la foule déjà en haleine, tout le monde acquiesce de la tête.
-Achille était à la tête de Myrmidons pendant la guerre de Troie, cela aussi, vous le savez. L’homme dont je vais vous parler était l’un d’eux, un guerrier sous les ordres d’un demi-dieu, des capacités d’élites, tout comme ses pairs …
« Achille », « Myrmidons » … tout le village tremble en son for intérieur en entendant ses mots, signe à la fois d’immortalité, de force et puissance, sans oublier l’honneur et la gloire.
-Achillas, tel était son nom. Un guerrier à l’histoire ordinaire, jusqu’au retour des myrmidons en Grèce. En effet, ceux-ci avaient été congédiés par Achille lui-même, malgré les protestations et s’en étaient retournés chez eux. Le bateau faisait tranquillement voile, le temps était bon, si ce n’est que la nuit suivante, Poséidon déchaina sa folie sous forme de tempête. Le voilier peinait à rester droit, une vague trop puissante aurait pu l’emporter aisément. Après une heure de tempête, le navire restait brave, la seule chose à avoir été emporté était notre Achillas, il avait passé par-dessus bord en essayant de réparer un léger trou sur le coté du navire. Les myrmidons ne tentèrent rien pour le repêcher, ils savaient pertinemment qu’ils ne pourraient rien faire face à ce vent divin, Achillas venait de tomber, qu’il s’était déjà évaporé, emporté par les flots enragés. C’est là que son histoire commença … sa plongée, sa réanimation sur une plage Grecque, non sans son amnésie à apparence plus que définitive. Tueur de démon, vainqueur de titan ….
Quelques personnes présentèrent une bouche ouverte, sous le choc des titres énoncés par le vieux sage. Un homme apporta de quoi boire au vieil homme.
-Vainqueur d’un dieu, sans oublier général spartiate. Trente longues années de gloire, notre homme a été rejoindre l’Elysée à l’âge de cinquante et un an. Son passé de Myrmidon ne lui sera révélé que bien plus tard, suite à de nombreux évènements tels que des retrouvailles, des noms, des terres, des armes et armures, sans oublier ses propres visions, rêves et cauchemars. Bien puissante ressource qu’est l’âme d’un être humain. Il ne va pas sans dire que son prénom « Achillas » est un dérivé d’Achille, une déformation si banale pour eux deux lorsqu’ils combattaient à Troie, mais un nom … révélateur de sa racine en fin de compte …
Le ton se lève, des murmures changent brièvement le ton de la place, les échanges sont brefs mais concrets. Le sage attend patiemment le retour au calme initial, néanmoins sans se montrer hâtif, il aime voir que ses histoires font de l’effet aux jeunes gens.
-Laissez-moi maintenant, ouvrir les portes du mythe … et vous conter en détail des épisodes de la triste et glorieuse histoire … qui est celle d’Achillas…
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 11:10 am

Chapitre premier
Ombre d’une identité

« Je me réveille sur du sable mou et chaud, je ressens la douleur partout, on dirait que j’ai été torturé par Hadès lui-même. Mes paupières sont d’un poids horrible, je peine à soutenir mon regard sur le devant de mon corps. Je suis estropié, incapable … et je ne sais même pas où je suis »
Le corps et la tête douloureuse, Achillas se croyait dans un paradis, une sorte d’Elysée, les doux rayons du soleil agissaient en baume sur ses contusions dorsales et le vent asséchait le sang et les fractures s’offrant à l’air libre. Malgré sa presque nudité, il était protégé de tout, la nature elle-même semblait vouloir l’aider.
La vue trouble de l’homme blessé ne lui permettait que de voir les contours diffus d’une silhouette s’approchant à grand pas. Son corps lui dictait d’agir promptement, cet être peut être n’importe quoi, ami comme ennemi, il ne devait pas laisser une seule chance. Mais malgré la volonté de son corps, sa tête était incapable de suivre, lynchée dans un tourbillon de souvenirs et d’images brumeuses, un vortex enveloppait son esprit.
La silhouette l’observait, le palpait, Achillas ne pouvait rien tenter, il était pire qu’en état d’ébriété avancé. On le hissait, on le portait, la nature l’abandonnait et le confiait bientôt de nouveau aux hommes.

« Deux mois », lui avait-on répondu. Ce nombre et ce nom étaient le temps durant lequel il était resté, inconscient, sur un lit de fortune du village d’Aois. C’était un petit village pêcheur, profitant de sa situation naturelle avantageuse pour vivre de ses propres moyens. Les premières semaines d’éveils furent une torture pour Achillas, ses muscles semblaient atrophiés et les douleurs du jour de la plage semblaient à peine s’estomper. Il posait quelques questions à la volée, tentant de glaner quelques informations éparses … le jour, l’année, l’état des cités et royautés.
Mais de toute manière à quoi bon … son seul souvenir stable était son état cadavérique sur le sol d’une plage, le reste se déguisait en puzzle, énigme, poèmes et fresques, son esprit n’était qu’un tourbillon d’idées.
Les jours passaient et Achillas, à son grand bonheur, retrouva peu à peu sa mobilité, son énergie et sa motivation, malgré l’absence de but. Il pouvait enfin se laver seul, déjeuner seul, sans avoir besoin d’une femme à ses côtés pour le servir comme un nourrisson.
Après avoir englouti son poisson fraichement cuit, il profita de la journée ensoleillée pour sortir un peu, histoire de renouer contact avec la terre, le soleil, le vent et sans oublier les gens, qui tout les quatre, l’avaient aidés à se stabiliser. Des hommes s’interrogeaient sur son identité, tandis que quelques femmes s’extasiaient sur ce corps d’athlète. Achillas se posait autant de questions qu’eux, il était clair qu’il était sujet à une amnésie plus que temporaire.

-Assieds-toi !
L’ordre surgit du doyen du village, un homme bien âgé, sujet à la fois à la calvitie et la maladie. Achillas s’était rendu sous la tente de cet homme que beaucoup ici indiquaient comme « le messager des dieux ». L’amnésique s’exécuta, il n’avait ni la force, ni l’envie de discuter un ordre vu sa posture.
-Tu dis ne te souvenir de rien … est-ce vrai ?
Légère hésitation.
-C’est exact, je me suis retrouvé ici et …
-Silence ! Contentes-toi de répondre à mes questions et ne te perds pas dans des détails qui n’attirent guère mon attention !
Achillas fronça les sourcils, il n’aimait guère la réaction colérique du vieil homme rachitique et se contenta de réfugier sa réponse dans un mutisme temporaire.
-Tu n’as pas d’identité, tu seras donc des nôtres pour un temps … du moins si tu présentes suffisamment de qualités pour faire quelque chose d’utile dans notre communauté …
Il observa intensément le visage de l’homme assis, analysant yeux, cheveux, corps, muscles. Achillas demeurait de marbre.
-Hum … du muscle, du charme. Je crois que ta place sera vite faite ici !
Son rire révéla des dents gâtées, Achillas dû se retenir de faire la grimace, se contentant d’avoir l’air étonné et content à la fois. Il n’avait aucune raison de refuser, ce village était son seul repère, fuir aurait été du suicide et surtout du non sens.
Les mois suivants, Achillas fût attelé aux corvées du village. Les hommes lui apprenaient les rudiments de la pêche, de l’agriculture et de la chasse et il se construisait peu à peu une nouvelle identité. Chaque fois qu’il saisissait l’arc lors des chasses, il sentait une étrange sensation de déjà-vu, comme s’il avait déjà magné cette arme auparavant. La vie s’écoulait paisiblement à Aios, ce village oublié de tous, suffisamment loin des cités grecques pour ne pas se faire visiter trop souvent. « L’amnésique », comme le village l’appelait, devenait un peu plus bavard et pouvait maintenant se vanter de quelques amis et connaissances, son intégration au village se faisait sans trop de peine. Mais son apparence continuait à le tourmenter, les muscles qu’il présentait et certaines callosités trahissaient son statut de paysan.
Achillas rattrapa le filet en partie rempli, la pêche à cette plage était décidément fructueuse. Il observa le sable orangé sous la lueur crépusculaire, il savait que c’était ici qu’on l’avait trouvé, mais le sable, en véritable cachottier avait déjà depuis longtemps, effacé les traces de son court séjour.

-Achillas !
Il se retourna et vit une femme marcher vers lui en souriant. Il lui rendit son sourire joyeux, tout en pensant qu’Achillas était la dernière trace de son ancienne identité, pour le peu qu’il en avait une. La fille ? Elle se nommait Bérénice, de longs cheveux noirs découlant jusqu’à ses hanches, un visage doux et fin, sans oublier des formes qui ne laisserait aucun homme de marbre. Bérénice était la fille qui s’était occupé d’Achillas et qui aussi, l’avait trouvé sur la plage. Elle était toujours gentille avec « l’amnésique », ce qui lui valait parfois quelques quolibets concernant le type de relation qu’elle voudrait développer avec lui…
-Bonjour Bérénice ! Tu vas bien ?
Elle attendit d’être juste en face de lui pour lui souffler un « Oui » au visage. Elle n’attendit aucune autre réaction et demanda de suite ce pour quoi elle était venue.
-Tu as réussi à avoir suffisamment de poisson pour ce midi ? Le village entier en a besoin.
Achillas examina brièvement le filet, il doutait franchement que cela puisse convenir.
-Hum … je crois que le nombre sera relativement limité …
La femme s’accroupie à côté de lui, sourire aux lèvres.
-Ne t’inquiète, ils excuseront ton incompétence !
L’homme la regarda avec des yeux moqueurs.
-C’est beau de te foutre de moi !
Elle rigola légèrement, avant de se relever et de s’en retourner au village, tout en faisant signe à Achillas de la suivre. Ils marchèrent quelques secondes, avant que Bérénice ne lâche un cri de douleur. L’amnésique accouru, Bérénice avait le pied ensanglanté. Quelques coups d’yeux furtifs ne révélèrent rien d’anormal, jusqu’à ce qu’il frôla l’objet en question, du bout du talon. C’était une sorte de couteau incurvé, il le saisit et l’empocha, il jugea bon de l’examiner plus tard, l’urgence l’appelait ailleurs.
Il rapporta la fille blessé au village, en la portant à deux mains, au grand étonnement des autres paysans. Le doyen et la famille de Bérénice sortirent en trombe de leurs huttes et le guidèrent de chemins en chemins, pour finalement faire déposer Bérénice sur un lit de tente. Tous les yeux étaient posés sur elle, seul le doyen portait un regard circonspect au jeune homme. Tandis que deux femmes s’occupaient de Bérénice, le vieux doyen prit Achillas à l’écart.

-Que s’est-il passé ?
-Je ne sais pas trop, elle a probablement marché sur quelque chose de coupant sur la plage, voire même mordue. J’étais plus préoccupé à la ramener qu’à savoir la cause de la blessure.
Le vieil homme acquiesça gravement, avant de s’en retourner sur la place du village. Quelque chose avait forcé Achillas à mentir, il ne savait pas quoi, pourquoi n’avait-il pas voulu révéler l’existence de ce couteau ? Son esprit avait exercé une force mystérieuse sur ses actes.
Il s’en alla dans un coin boisé pour observer de plus près son acquisition. C’était un couteau d’acier noir, de belle facture, la lame tranchante comme un rasoir et d’une légèreté incomparable. Il effectua quelques passes d’armes en guise de divertissement. En le rangeant, il remarqua une inscription sur la poignée, gravé à même le métal :

« A la mémoire d’Achille, notre vaillant frère, notre valeureux père, notre chef exemplaire »

Bérénice était souffrante, l’objet mystérieux l’avait amoché bien plus que prévu et d’après sa mère, elle aurait du mal à marcher pendant encore un bon bout de temps. La blessure n’était guère réjouissante, mais elle était heureuse à l’idée d’avoir été porté par Achillas ; elle éprouvait quelques sentiments ça et là … mais comment l’annoncer dans ce village ? L’union devait être sacrée par le doyen lui-même et Bérénice ignorait la qualité des relations unissant le bel amnésique au vieux crouton. Elle devait se montrer patiente, calme et sage … tout en priant pour des espoirs qui ne se réaliseront peut-être jamais.

Achillas courait sans se stopper, afin de rejoindre le village le plus rapidement possible et parler au doyen. Il ralentit la course une fois à l’entrée du petit hameau, cherchant le vieil homme du regard. Celui-ci se baladait près du cimetière.
-Astère !
Tel était le nom du doyen, révélé en personne par celui-ci à Achillas il y a quelques jours de cela. Le vieux pêcheur lui avait enfin permis de l’appeler par son prénom, l’acceptant comme villageois en tant que tel.
-Qu’y-a-t-il, Achillas ?
Il reprit son souffle tant bien que mal.
-Astère, connaissez-vous un homme se nommant … Achille ?
Ce nom claqua comme un fouet dans l’air matinal, imposant le règne du silence dans les environs du cimetière. Le doyen mit quelques secondes à réagir et pour la première fois, troqua son air autoritaire contre un air de sagesse.
-Comment ignorer Achille alors que je suis moi-même issu de la famille de l’un de ses myrmidons … Pourquoi cette question, jeune homme ?
Achillas avait déjà entendu ce mot auparavant, « Myrmidon » présentait quelque chose de familier, sans qu’il soit capable d’identifier quoi, quand, où, ni pourquoi.
-Je pose cette question parce que … j’ai trouvé une dague sur la plage, portant une inscription commémorative à la mémoire de l’intéressé.
-Quoi ??? Laisse-moi voir ça immédiatement.
L’amnésique s’exécuta et lui tendit la dague incurvée.
-Seigneur de l’olympe … une dague forgée par un myrmidon à la mémoire de son illustre chef…
Achillas écarquilla les yeux.
-Comment savez-vous qu’il s’agit d’un myrmidon qui a forgé cette arme ?
Le doyen releva la tête en souriant.
-Ce symbole ne trompe pas. Et je viens aussi de remarquer un autre détail …
-Lequel ?
Astère fit peser le suspense, tandis qu’il souriait de toutes ses dents.
-Mon garçon, cette inscription est signée au nom d’Achillas.

Cette révélation avait rendu vie à une partie de l’esprit du guerrier amnésique, les nuits suivantes furent peuplés de rêves étranges et énigmatiques, les puzzles d’autrefois prenaient vie mais ne donnaient aucune réponse concrète …Comment pouvait-il toujours être vivant et si jeune en ayant été un myrmidon d’Achille ? Etait-il vraiment un myrmidon ? Ou était-ce son père qui l’avait été ? Voire le père de ses pères, puisque le doyen lui-même était le fils d’un myrmidon ? S’il était toujours vivant, son existence était un acte des dieux, pas une réalité historique et pertinente …
Tant de questions aux réponses voilées, il eu de la peine à s’endormir mais après quelques heures d’errance prononcée, il s’abandonna aux bras de Morphée …


« Je bondis par-dessus la proue d’un navire, arborant une armure noir de jais, un bouclier ovale d’acier et une épée particulièrement bien personnalisée … Je vois un homme nous guider, sa seule présence motive toute la troupe, sa seule prestance me motive au combat. Je me dresse sur mes pieds, arme au poing et bouclier prêt à la parade. Des flèches enflammées pleuvent vers le navire débarqué, des hommes tombent et meurent, brûlés et saignés ; tandis que moi, je pare une bonne dizaine de projectiles filant vers moi avant que la charge ne commence »

-En formation !
C’était la voix d’Achille qui résonnait sur le champ de bataille, une voix pleine d’intonation et de force. Les myrmidons peinaient à se regrouper, la pluie de flèches entravaient une avancée nette. Le débarquement était dans sa phase défensive, ce qui signifiait que chaque soldat devait lutter pour se placer sur la plage et tenter de survivre à l’attaque Troyenne.
Achillas observait les lignes ennemis : les troyens n’étaient pas si nombreux et devaient déjà trembler en voyant pratiquement la Grèce entière naviguer vers les murs de Troie. Il para quelques projectiles épars, tout en avançant à coté d’Achille, pour exécuter son ordre de formation.
Achille et ses hommes avaient ramés à une telle vitesse qu’ils étaient les premiers à arriver en plage de Troie, les myrmidons et leur chef étaient des hommes d’action, cela était bien connu. Etre un myrmidon était un honneur, notamment par le fait qu’ils étaient considérés comme une élite, mais aussi qu’ils combattaient directement par et pour Achille, un guerrier dont la réputation n’était déjà plus à faire.
Achillas plaça son bouclier tout juste à droite d’Achille, rejoint bientôt par la quarantaine d’autres myrmidons subsistant. Ils formaient une épaisse coque d’acier noir, une véritable barrière à projectile, on pouvait entendre les flèches se ficher dans les boucliers, au-delà du vacarme de guerre.

-A mon commandement …
Les boucliers se soulevèrent d’un cran, la barrière d’acier s’était soudainement munie de jambes. Par cette tactique, les myrmidons gagnaient de précieux mètres de terrains. Achillas attendait patiemment l’ordre d’attaque, rempli de motivation et de courage, adressant au hasard quelques prières à Athéna et Arès.
« Le temps ralentis, Achille ouvre ses lèvres … »

-Rompez la formation !
Personne ne s’attardait, Achillas chargeait sur le premier venu, ne tardant pas à le raccourcir d’une tête. Les myrmidons devenaient les seigneurs de la batailles, les Troyens étant privés de leurs archers, les hommes d’Achilles ne tardèrent pas à faire reculer le gros des forces.
Enflammé comme jamais, Achillas tranche, perce et fracasse tour à tour, précédent Achille dans sa boucherie du front. Aucun coup, aucun projectile, Achillas parvenait à l’entrée du temple d’Apollon sans encombre.
Trois hommes se présentèrent à lui simultanément, l’échange fut malgré tout de courte durée. Le premier se fit planter sur le premier javelot venu, tandis que le deuxième succomba d’une chute suite à un coup de bouclier en plein visage.
Le troisième homme était sur ses gardes, il tentait de frapper, alliant tactique et force. Achillas eu finalement raison de lui, à force de passes diverses et de tactiques habiles. Personne n’égalait un myrmidon.
A cinquante, Achille et ses hommes venait d’accomplir leur tête-de-pont sur la plage de Troie …

(Ce paragraphe sur la guerre de Troie est en parti tiré du film "Troie", le passage a simplement été décrit de façon écrite et en y rajoutant de nombreux détails sur Achillas durant le combat; merci)

« Un homme sans identité ne représente que la moitié d’un homme »
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Messagepar Jean » Jeu Aoû 19, 2010 1:27 pm

Pas mal du tout ! :yeah:
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Messagepar Asurmen » Jeu Aoû 19, 2010 1:46 pm

Super! On est tout de suite pris par l'histoire!
A quand la suite???
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 3:35 pm

Merci ^^.

Eh bien la suite devrait arriver au pire après-demain et au mieux ce soir.
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Messagepar Phallusor » Jeu Aoû 19, 2010 4:15 pm

Respect :jap:
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 7:45 pm

Interlude premier

Le vieux sage soulève sa cruche de terre cuite, avant de savourer lentement son contenu si précieux. La nature et ses bienfaits sont la seule chose que le sage peut vanter de reconnaitre dans ce monde d’aujourd’hui, si changés, modifiés, glorifié et bafoué à la fois …
Il a toujours veillé à conserver le voile de mystère autour de sa vie privée, aucun villageois ne peut prétendre connaitre suffisamment le vieux sage pour en faire une biographie. Il impose le respect de sa seule présence. Personne ne connais son passé et il veille à ne pas le divulguer, rachetant ses fautes passées derrière ses histoires, récits et contes divers. L’eau s’écoulait lentement dans la vieille gorge, tandis que le sage reprend la parole.

-A cette époque, Achillas ignorait l’existence des démons, il ne connaissait pas sa future destinée, il ne pensait pas une seconde que les démons viendraient troubler la paix qu’il s’était forgé, malgré son manque d’indice sur sa vie passée. Quand à Bérénice, détrompez-vous, derrière son apparence de femme frêle et douce lors de l’épisode que j’ai conté, elle deviendra une féroce guerrière par la suite, une femme qui a tout perdu et dû trouver une autre voie. L’amour naissant entre Achillas et Bérénice sera éternel, mais toujours opposé par le destin …
Un jour même, dans une autre époque, Bérénice et Achillas durent s’affronter sur les champs d’Arès, une plaine lointaine, sujette à l’abondance selon la légende. Cette légende parle de cet affrontement, l’amour éternel fait office de parallélisme avec l’abondance des champs. Aucun des deux amants ne sortit vainqueur, l’un ne pouvant tuer l’autre … malgré la fureur guerrière, la rage de vaincre qui embrasait leurs yeux.
Le seul bruit autre que la voix du vieil homme est celui du chant des oiseaux, le silence est presque incroyable, les humains écoutent avec une telle attention que même si le monde serait soudain plongé dans le chaos, ils ne le remarqueraient même pas …
-Mais certes, les récits de Bérénice sont une autre histoire … que peut-être … je vous conterai dans un avenir proche. Revenons maintenant à Achillas, notre myrmidon égaré …
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 7:53 pm

Chapitre deux
Les sombres vents du changement

« Je regarde les vagues fantômes s’écraser sur les roches du rivage, je pense pouvoir y voir des réponses, ou des présages … Mais je n’y vois que ma propre ombre et mon propre désespoir. Mon esprit s’est écrasé sur la pierre de l’oubli, comme ses vagues se terminent sur ses roches si dures aujourd’hui. J’ai le mal de vivre depuis que j’ai découvert mon hypothétique passé »

Le soleil projetais ses derniers rayons sur les grains de sable du village d’Aois, observés par Achillas, celui-ci restait bouche-bée, tentant de se remémorer une chose quelconque. La pêche s’était révélée impossible aujourd’hui, les eaux était bien trop mouvantes, les chances d’attraper un poisson étaient pratiquement nulles. Pour ce genre de problème, le village avait trouvé la parade depuis longtemps, ils puisaient dans des réserves spécialement prévues à cet effet, si ce n’est que le repas était moins frugal et plus restreint. De toute manière, l’amnésique ne présentait aucun signe de fin, ses pensées étaient fixées ailleurs, toujours sur ces points sombres, lui coupant l’appétit de manière drastique. Il restait rarement seul sur le sable, il était bien souvent rejoint par Bérénice et ce fut le cas, une fois de plus. Il entendit son pas sur la grève non loin, il pouvait le reconnaitre entre mille, ce pas doux et léger …
-Bonsoir Bérénice
Celle-ci parut surprise de cette réaction si rapide mais se contenta de sourire.
-Bonsoir Achillas. Je t’ai apporté à manger, j’ai pensé que tu aurais peut-être faim, cela fait plus de dix heures que tu n’as pas avalé ne fut-ce qu’une olive.
L’homme lui sourit et prit un peu de poisson, en l’avalant devant elle, histoire de lui faire plaisir.
-C’est mieux de manger sous ton regard de feu.
La jeune fille se sentit rougir sur place, c’était rare qu’elle recevait des avances de la part d’Achillas. Le silence succéda l’échange rapide de mots, il persista quelques minutes, les deux jeunes observant la mer déchainée, avant que l’amnésique relança la conversation.
-Bérénice … Crois-tu au fait que j’ai été un myrmidon avant d’échouer ici ?
Elle parut stupéfaite de sa question, en général, Achillas discutait de son passé avec le doyen, pas avec elle. Elle réfléchit brièvement, soignant ses mots pour éviter de dire des choses qu’elle pourrait regretter.
-Je dirais que, vu ta condition physique et certains traits de caractères, tu pourrais avoir été comme tel.
-Mais je ne connais rien aux armes, en plus je suis un bien piètre archer pour un ancien myrmidon …
Bérénice passa son bras autour du cou de son athlète favori.
-Peut-être que certaines de tes capacités ont été anéantis avec ton amnésie, hélas … Les techniques apprises doivent se retenir tu sais, donc cela ne m’étonnerait guère.
Elle avait raison et Achillas le savait, peut-être qu’avec le temps, tout cela reviendrait ; enfin, pour le peu qu’il reprenait un jour part à un affrontement quelconque. Ce qui est peu probable dans ce village reculé et ce temps de paix …
-Tu as raison Bérénice
Il se pencha pour un baiser, chose qu’elle accepta sans se faire prier.

Les jours se succédèrent sans qu’Achillas ne puisse les compter. Une seconde c’était le matin et la seconde d’après c’était le soir. La chasse, la pêche et les corvées s’y rapportant occupaient ses journées à plein temps, il ne trouvait pas une seconde pour s’ennuyer ou s’amuser depuis qu’il avait embrassé Bérénice pour la première fois, qu’il avait senti ses lèvres si douces contre les siennes, il avait savouré ce moment comme si c’était sa dernière seconde de vie. Cet embrassade avait eu pour effet de le requinquer totalement, il avait maintenant une raison de vivre digne de ce nom, dépassant les ombres et les énigmes pour faire place à une raison physique. Malgré tous les avantages que cet amour présentait, Achillas devait tout le temps subir les railleries des autres villageois et surtout, les ignorer pour éviter tout problème. Le doyen ignorait l’existence du couple, il était trop tôt pour lui annoncer, Achillas et sa bien-aimée avaient choisi d’attendre un moment plus propice. Mais aucun des deux amants en savait que le futur du village était plus incertain que jamais, dans leurs étreintes, ils ignoraient la menace …

Un matin, alors qu’Achillas était en train de chasser avec un autre homme, tout deux sentirent une étrange odeur. Cette senteur ne trahissait pas, il y avait un feu quelque part. Le villageois accompagnant l’amnésique prit alors la parole.

-Achillas, cherchons l’origine de ce feu !
Ils se séparèrent brièvement à gauche et à droite du bois, cherchant une cause éventuelle. Achillas cherchait la peur au ventre, une odeur d’une telle intensité devait abriter un feu d’une intensité majeure. Il renifla l’air, mais ce fut ses oreilles qui furent soudainement prise d’attaque.
-Achillas !!!!!!! Le village !! Il, il, il …. !!
L’intéressé abandonna la piste de son côté pour rejoindre son compagnon à l’autre bout du bosquet. Sa pensée se confirma, le village était bel et bien en train de brûler sur place. Le sang du pêcheur ne fit qu’un tour.
-Seigneur ! Achillas, fuyons, je vois le sang de nos compatriotes s’écouler d’ici ! Fuyons avant qu’il ne nous attrape.
Achillas ne l’entendait pas, il fixait intensément la scène, comme s’il cherchait quelque chose.
-Achillas !!! Réponds !
Celui-ci redressa son carquois avant de partir au pas de course sur le sentier battu.
-Ecarte-toi, je vais au village, il faut sauver ce que l’on peut.
L’homme le regarda avec un air désespéré.
-Je préfère fuir que de mourir !
Le myrmidon le toisa de colère et lui cracha au visage.
-Des lâches attaquent notre village. Et je vois que tu as rejoint leur camp. Adieu.
Il s’en alla à un rythme effréné, sous le regard incrédule d’Eusèbe, un homme au destin assombri à jamais. Le cœur battant, Achillas prit son courage à deux mains.

Les cris résonnaient jusqu’au milieu du bosquet, Achillas gagnait en vitesse et en agilité, sous les effets d’une adrénaline dès lors inconnus. Il n’avait jamais couru à une telle vitesse ou si peu, il en aurait été exténué. Des flammes crachaient de la suie noirâtres aux quatre coins du village, celui-ci était déjà complètement à sac. Depuis le bois, on pouvait apercevoir des joutes rapides entre les villageois et leurs opposants : des créatures mi-homme, mi-bête, ornés de sabots et de cornes. Achillas ignorait l’origine de ces bêtes et ceci importait peu, il venait chercher Bérénice et s’il devait embrocher la terre entière pour la récupérer, il le ferait. Alors qu’il sautait en contrebas, un homme accourut vers lui en hurlant.
-Les satyres sont là, ils massacrent tous le monde, fuit Achillas, fuit !
Le guerrier fit « non » de la tête, un peu avant que le corps du villageois en détresse s’affaissait par terre, le dos meurtri par le tranchant d’une hache. Le satyre assassin, tout heureux, s’avançait déjà d’un pas conquérant vers son autre cible.
-C’est ça, viens ici, sale bestiole racornie…
Sur ces mots, il banda son arc et décocha une flèche en direction de la bête. Achillas déchiffra l’étonnement sur le rictus déformé de la bête, avant que la flèche ne vienne se ficher au dessous de sa gueule, à hauteur du menton. Pas de cri, pas de gémissement, la bête était morte sur le coup.
Le prédateur ne s’attarda pas sur sa proie, son esprit était fixé sur une femme. La voie jusqu’à la place du village était libre de tout satyre, bien qu’il entendit quelques affrontements épars dans les sentiers avoisinants. Les voix se mélangeaient au cliquetis des armes, rendant l’identification de Bérénice impossible par le seul son de sa voix.

-Bérénice !! Bérénice !! Je suis sur la place !!
Personne ne vint.
-Bérénice !!!! Béré … !!
Il para de justesse le coup enragé d’un satyre à l’allure peu commode, il présentait une couleur légèrement violacée, une caractéristique qu’Achillas ne retrouvait pas sur son compère vu quelques minutes plus tôt. L’arc n’était plus adapté à la situation, les deux mètres cinquante qui séparaient la bête et lui en étaient responsable. Achillas pensa de suite à la dague incurvée, c’était la seule autre alternative … pour le peu qu’il parvienne à s’en servir. Il la dégaina hâtivement, tout en la brandissant au bout de son bras droit, prêt à faire face. Les premiers échanges d’armes furent désastreux et Achillas ne dut son salut qu’à sa chance. Le satyre présentait une force peu commune et une vélocité suffisante pour prendre un dessus incontestable. L’issue semblait perdue d’avance …

« Je peine à tenir, Achille est d’une grande force et d’une vitesse exemplaire … Cet homme est vraiment tel qu’il est décrit : un seigneur de la guerre, aimé des dieux. Je suis honoré de le servir et de combatte à ses côtés. Malgré son penchant très combattifs, c’est un homme instruit et intelligent, rajoutez aussi à cela un charisme sans égal, se confronter à lui c’est se préparer à gravir une montagne à pic »

Achillas misait sur quelques feintes et des coups de bouclier bien placés pour en découdre avec son adversaire, mais celui-ci voyait les leurres aller et venir comme si c’était lui-même qui avait décidé de les utiliser. Il savait quand la lame de bois allait tenter d’atteindre son but premier, quittant son poste d’attente, il savait de quel côté le bouclier allait vouloir venir le percuter. Achille était le maitre du combat. Achillas se démenait pour tenir sa propre défense, le combat durait depuis trois ou quatre minutes, mais l’intensité de l’affrontement en faisait paraitre une trentaine, voire plus. Le myrmidon était conscient de perdre du terrain, mais il ne voulait montrer aucun signe de faiblesse. Achille se pencha en avant pour porter un tranchant en direction des jambes de son soldat, tandis que dans le même temps, Achillas tentait sa chance pour le désarmer et en finir. Achille retira son épée au dernier moment pour la placer à la hauteur de la carotide. Achillas jura dans ses dents, sa propre épée était à proximité du coup d’Achille, mais la différence majeure résidait dans la présence du bouclier entre la lame et le cou du demi-dieu.

-Haha, Achillas, bonne tentative, tu t’es bien battu
Le soldat lui sourit.
-Un jour seigneur, je vous vaincrai, tout comme la majorité de mes opposants.
Achille éclata de rire.
-Ton jeu d’épée et de bouclier est bon, ton jeu de jambes aussi, tu gères bien ton énergie …
Le soldat s’en retournait au pilier d’entrée de la ruine pour s’y asseoir paisiblement.
-Mais tu manques un grain de technique, tu n’observes pas toujours suffisamment bien et tu ne vois pas toujours la faille nécessaire.
Les rayons du soleil au zénith se chargeaient de cicatriser les quelques bleus qu’Achillas présentait.
-Trouver une faille chez Achille, c’est chercher Artémis se baladant nue dans l’avenue principale d’Athènes.
Achille s’assit au côté de son myrmidon, en lui donnant une tape sur l’épaule.
-Rassure-toi, tu es déjà un très bon guerrier et ce n’est qu’une question de temps avant que tu ne me rattrapes, Achillas.
Achillas était content malgré lui, c’était un compliment d’une valeur inestimable qu’il venait de recevoir là.
-Dites-moi seigneur …
-« Tu peux me tutoyer », dit Achille en le coupant net.
-Dis-moi Achille, il y a une fête ce soir à Sparte, peut-être désires-tu venir ?
-Tu sais très bien que j’ai mieux à faire que cela mon ami.
Le myrmidon éclata d’un rire bruyant.
-Et quoi donc ? Aller voir quelques femmes peu vêtue ?
Achille sourit les yeux fermés, sous le soleil couleur or. Il ne répondit rien.
-Ménélas a scellé la paix avec le peuple de Troie. Le prince Hector et son frère Pâris seront là en personne. Mais en réalité j’y vais surtout parce que j’y suis invité …
-Hum, le grand Hector sera là. Je verrais pour ta petite fête champêtre, au pire on se verra là-bas.
Achillas lui tapa sur l’épaule, avant de se lever et s’en aller, bouclier à la main, épée au fourreau, la lumière glissant sur sa peau.


L’affrontement avec le satyre tournerait court si Achillas ne trouvait pas un moyen de reprendre rapidement le dessus. De plus, pendant ce temps, qui sait ce qui pouvait arriver à Bérénice. Le satyre se lança dans une série de coups rapides, tranchant une partie de peau au bras du guerrier. Ce fut le déclic pour l’amnésique. Il sentit une force inconnue s’investir en lui, tout comme celle qui l’avait propulsé dans sa course effrénée, si ce n’est que cette fois, elle prenait une autre forme. Achillas se redresse et adopta une pose défensive, son propre esprit était en conflit sur la tactique à utiliser. Tout se passa en un éclair, le satyre chargea, Achillas se faufila sur la droite tout en donnant un coup de coude au satyre, avant de lui enfoncer la dague dans le cou. Le monstre hurla, mais son cri fut vite étouffé par son hémorragie interne. Ligaments, muscles et veines étaient déchiquetés, la bête gisait dans son propre sang. D’autres satyres vinrent lui barrer la route. Et leur sort ne fut guère plus recommandable, à peine deux ou trois parades suffisaient avant d’en finir avec l’assaillant, Achillas se sentait comme possédé d’une force inestimable, un courage inébranlable … la capacité d’un myrmidon. Alors qu’il achevait son cinquième satyre, il aperçu un homme au-dessus de l’épaule de la bête, un peu plus loin, à l’ombre d’une hutte, accoudé au mur. Les lèvres d’Achillas s’ouvrèrent machinalement et les mots surgirent par magie.
-Achille …
L’homme en armure noir lui sourit chaleureusement, un sourire qui en disait long. Sa silhouette disparut dans le vent, Achillas restait sous la stupeur. Le cadavre du satyre tombait sur le sol, tandis qu’une voix familière l’appelait à quelques mètres derrière lui. Il avait vaincu ses opposants à même ses capacités et retrouvé sa bien-aimée. Il se retourna, l’air radieux, son regard était redevenu celui du simple pêcheur, le myrmidon s’en était allé …
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Messagepar zoltan4216 » Jeu Aoû 19, 2010 8:11 pm

un grand bravo à toi, je dois dire que quand j'ai apercu ce "pavé" je fût au début un peu réticent pour le lire mais une fois que l'on est dedans le récit est captivant. félicitation :yeah:
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 19, 2010 10:10 pm

Merci beaucoup pour ces commentaires positifs :D .

Le chapitre trois arrivera d'ici demain ou après-demain.
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Messagepar Black Heaven Fox » Ven Aoû 20, 2010 6:00 pm

Chapitre trois
Deux destinée pour une âme

« Mon âme est partagée, mon esprit est divisé. Un seul homme vit en moi, mais celui-ci s’est brisé en deux, faisant cohabiter deux être totalement différents ; un soldat et un pêcheur. Je vais devoir lutter pour conserver l’harmonie entre ces deux entités. Mais je ne comprends toujours pas comment. Comment ai-je pu être un myrmidon alors que ceux-ci sont morts depuis pratiquement deux générations. Les dieux me cachent quelque chose, j’ignore où chercher les réponses … »

Le bruit ambiant avait perdu de son intensité au cours des dernières minutes, les combats se terminaient un peu partout et Achillas, malgré sa motivation, son esprit positif et sa foi aux villageois d’Aois, il craignait que ceux-ci se retrouvent vaincus. Il observa son instrument de mort, celui-ci était encore couvert du sang pourpre des satyres, tel qu’il convient de les appeler. Derrière son apparence de dague commémorative, la lame cachait bien son aiguisage et son équilibre parfait. Il se préparait à la ranger dans son petit fourreau de cuir, quand soudain il entendit une voix l’appeler, une voix si mélodieuse et chantante autrefois, mais qui maintenant se teintait de détresse et de tristesse.

-Achillas !!!
Il se retourna en hâte, gardant une main sur sa lame, se préparant à toute éventualité. Bérénice accourait vers lui, les yeux en larmes et la tunique en partie déchiré.
-Bérénice ! Qu’Athéna te bénisse, tu es là.
Elle saisit le visage d’Achillas entre ses deux mains.
-Le doyen est mort ! Ma mère et mon frère aussi ! Je les ais vu mourir devant mes yeux ! Horriblement torturé et assassiné par ces bêtes ! Je … !
Achillas l’embrassa pour la faire taire et la calmer un peu. Il ne supportait pas ce qu’elle disait, rien qu’à l’idée d’y penser. Il voyait le doyen se baigner de son sang et cette vision d’horreur seule, lui retournait l’estomac.
-Moi je suis encore là mon ange, je suis encore là …
Bérénice se contenta de rester dans ses bras et de ne penser à rien d’autre. Le chaos était déjà bien assez près. Achillas peinait à la réconforter, sa compagne était clairement en état de choc. Par-delà les cheveux sombres de Bérénice, l’amnésique pouvait apercevoir un spectacle désolant. Le feu commençait à s’estomper, son travail venant de s’achever. La moitié des maisons du village étaient brûlées, voire effondrées … tout s’était renversé si vite. Au milieu de la tristesse et du sang, Achillas reprit ses esprits tant bien que mal. Sa retrouvaille et les évènements s’y rapportant l’avait fait oublier la présence active des satyres non loin, ils devaient fuir et ce, le plus vite possible.
-Bérénice, ne restons pas ici plus longtemps, nous devons partir.
Elle releva ses yeux toujours rouges de larmes.
-Oui … partons.
Elle se retourna pour partir à l’avant, rapidement suivi par son amant. Aucun satyre ne vint obstruer les rues, celle-ci étant déjà ravagée par des décombres épars. Bien décidé à ne perdre personne d’autre de plus, Achillas alternait ses positions de garde, allant parfois devant sa compagne, parfois derrière elle ou sur les côtés. Il ne pouvait pas se permettre qu’il lui arrive quoi que ce soit. La sortie du village approchait, le guerrier redoubla de prudence tandis que Bérénice marchait telle une âme torturée près de lui.
Le portail était complètement fracassé, on aurait dit l’œuvre d’un objet particulièrement massif et de coups répétés. Achillas évitait d’observer les morts aux alentours, tous les défenseurs de la porte semblaient avoir péris. Les yeux des morts semblaient le fixer d’un air accusateur, alourdissant l’atmosphère et rendant Achillas plutôt mal à l’aise. Il ramassa une épée trainant au sol, sa peur intérieure l’obligeait à tenir une arme en main.

« Courage, courage … personne ne me fixe, je suis seul avec Bérénice, les morts ne m’en veulent pas ».
Mais au plus il tentait de se réconforter, plus le mal semblait empirer ; il décida donc de changer de tactique : accélérer le pas.
-Bérénice, je me sens mal ici, hâtons-nous.
Celle-ci s’exécuta sans répondre. En quelques pas, ils furent de l’autre côté du portail de bois. Achillas prit sa bien-aimée par la main pour mieux la mener au cœur des bois, ils devaient trouver un lieu sûr pour y passer la nuit. La pression exercée par la main de Bérénice représentait sa peur, elle serrait tellement que la main d’Achillas en devenait rouge vif.
Alors qu’ils montaient un petit bosquet aux arbres de fleur, que ce soit dit en passant, la première belle chose qu’ils eurent croisé depuis le village dévasté, Bérénice retrouva l’usage de sa langue, bien que sa voix fût très faible et nettement déformé par la souffrance.

-Je t’ai vu te battre tout à l’heure, tu te déplaçais et portait les coups avec une précision impensable … es-tu sûr d’avoir oublié tes capacités ?
Achillas hésita, il n’allait pas lui raconter l’histoire du double, ou même d’une possession soudaine, bien que ce soit la seule explication. Et puis après tout, la mémoire pouvait bien avoir resurgi pendant quelques secondes.
-Quelques bribes de mon passé ont soudainement surgit en moi … sans que je ne sache expliquer davantage.
Bérénice lui sourit en rigolant.
-On joue au mystérieux hein …
L’homme fit une grimace tout en souriant allègrement.
-C’est exact …
Alors qu’ils continuaient à bavarder de sujets des plus divers, tentant d’oublier la souffrance qui régnait dans l’air ambiant, surtout pour Bérénice. Dans son cas, elle était née ici, elle avait vécu, sourit et rigolé dans ce village depuis toujours. Non pas qu’Achillas ne ressentait rien, mais bien moins qu’elle. Ils s’éloignaient peu à peu du drame, s’échappant au fond des terres, entre les arbres et les herbes, entre les pierres et les vallées …

« J’observe mon épée avec circonspection. Elle est toujours aussi belle, malgré le sang qui s’est déjà écoulé sur elle. J’ai combattu dans de nombreux pays, tué de nombreux adversaires. Pendant un moment j’étais au service de Ménélas, jusqu’à ce qu’Achille ne me remarque et décide de me faire intégrer les myrmidons. Ils sont ma famille, je les aime comme des frères, tout comme Achille. Certaines pertes sont dures à encaisser, mais c’est là aussi être un soldat d’élite : avoir un moral d’acier, un esprit de marbre, tout en restant modelable à volonté … »

Ils étaient cinquante. Vingt éternels, ceux qui sont là depuis pratiquement la création de la troupe. Achillas en faisait parti, malgré son temps d’intégration récent, il montrait des capacités incroyablement mûres. Dix vétérans, des hommes présents depuis un temps considérable, variant entre un an et cinq ans. Et aussi dix nouveaux, la crainte avec eux, c’étaient qu’ils ne dépassent pas le cap de la première année de bataille ; certains nouveaux mourraient à la première escarmouche, c’était regrettable. S’intégrer dans les myrmidons n’était pas forcément chose aisée, tout le monde le savait. Que ce soit en bataille ou hors bataille, les myrmidons étaient unis, ils passaient beaucoup de temps ensemble. Les relations favorisaient un travail d’équipe correct. Sorties, fêtes, chasses, entraînements … les myrmidons partageaient ces moments ensemble et bien souvent en compagnie d’Achille, voire même de son cousin depuis peu, Patrocle.
Achillas et les autres s’étaient réunis dans une colline sur ordre d’Achille, celui-ci semblait avoir quelque chose d’important à annoncer. Dans l’attente de leur illustre chef et ce, malgré le soleil de plomb, ils se livrèrent quelques duels d’entraînement. Les combats à l’épée de bois et au bouclier s’enchainaient dans la joie et la bonne humeur. Le vainqueur restait en lice et le vaincu était tout simplement éliminé. Achillas faisait tournoyer son épée avec allégresse, en attendant qu’un suivant se lève pour l’affronter ; il venait de vaincre Agape, Hagnon, Admète et Erope en combat singulier. Les adversaires qui osaient l’affronter diminuaient à vue d’œil. A vrai dire, Achillas n’en voyait qu’un seul qui pouvait encore le vaincre à ce stade, à ceci près qu’il veuille bien relever le défi.

-Alors ? Plus personne ? J’ai besoin de satisfaction avant de me faire vaincre par Achille.
Il dit cela en rigolant, déclenchant l’hilarité générale. Achille était réputé imbattable, un seigneur du combat armé … et tous les myrmidons le traitaient avec respect.
Personne ne réagit à l’appel du vainqueur, celui-ci décida donc de proposer lui-même un défi. Il se mit à marcher sur les bords du perron rocheux, cherchant sa cible, avant de clamer :

-Eudore !
Celui-ci se leva sans se faire prier, comme s’il attendait l’appel de son ami Achillas.
-Quelle motivation, Eudore. Ne t’inquiète pas, ce sera rapide.
La raillerie faisait partie des traditions des petites joutes entre myrmidons.
-Accroche bien toutes les parties de ton corps Achillas, certaines sont fragiles.
Achillas lui sourit amicalement. Son expression vira en une seconde, passant de la rigolade à l’extrême sérieux qu’Achillas pouvait faire preuve au combat. Les deux soldats se tournèrent autour pendant quelques secondes, avant de déchainer les hostilités.
Eudore présentait une ardeur peu commune lors de ses affrontements et c’était ça qui faisait la considération qu’Achillas lui portait. Ils s’échangèrent d’abord quelques passes classiques, avant d’évoluer vers la profonde technicité du combat armé. Alliant esquive, parade, charge et bottes ; quiconque observant ce combat n’aurait pu douter du niveau que représentaient ces deux bretteurs. Achillas décida d’utiliser de nouvelles techniques pour prendre du terrain, rester sur ses acquis ne ferait que stagner l’état du combat, même s’il savait qu’expérimenter des techniques était parfois dangereux. Il plaça sa main de bouclier dans le dos à la manière d’Achille, technique que le myrmidon maitrisait déjà en partie. Cette technique présentait l’avantage de frapper à l’épée avec moins de grands moulinets, augmentant la précision et la rapidité des attaques, tout en conférant une stabilité digne de ce nom et une protection facilement applicable. Eudore opta pour un style agressif, faisant perdre quelques précieux centimètres à son adversaire. La sueur coulait le long des deux combattants, le soleil brulant pratiquement les peaux lors de son zénith. Eudore menait sur Achillas, juste avant que celui-ci ne décide de rendre son bouclier extrêmement actif. La technique du bouclier actif était une pose que lui avait apprise Achille, elle consistait à rendre le bouclier offensif, pour briser les défenses adverses. Eudore ne maitrisait pas cette technique, n’appréciant pas spécialement l’usage du bouclier comme une arme. Achillas se mit à effectuer des moulinets et des frappes de bouclier comme s’il s’agissait d’une seconde épée, brisant l’équilibre d’Eudore. Peu de temps après, celui-ci se prit un violent coup dans le visage, le projetant directement au sol.

-Aïe … il était puissant ce coup là. Je m’avoue vaincu.
Achillas l’aida à se relever.
-Désolé pour le coup Eudore, je pensais que tu l’esquiverais à nouveau.
Ils rigolèrent ensemble avant qu’un myrmidon ne vienne s’écrier à l’entrée de la colline.
-Achille est là !
Les myrmidons se levèrent à l’unisson, tandis qu’Eudore et Achillas restèrent debout sur le perron. Achille arrivait à pied, accompagné de son cousin Patrocle, les deux étaient en habits civils et les deux paraissaient de très bonnes humeurs. Achille salua ses hommes un à un, avant de monter sur le perron pour s’exprimer.
-Mes frères, dans deux jours … Troie, nous attends !

« Je ne parviens pas à trouver le sommeil, même au côté de celle que j’aime. Le myrmidon qui est en moi tente de refaire brutalement surface. Je veux l’accueillir, mais sans délaisser ma vie actuelle. Je veux mélanger mon passé et mon présent pour ne refaire qu’un. Cette mauvaise harmonie me rend malade. Je connais le moyen de guérir de cela, puisque je l’ai déjà fait par le passé … Je dois soit faire confondre mon présent et mon passé, les deux pourront ainsi se réunir avec moins de contrastes, ce qui n’est faisable qu’à long terme. Ou alors je dois donner un coup de pouce à mon présent, je dois motiver ce côté de ma vie par quelque chose de non visité auparavant. Le baiser avait marché la dernière fois. »

Le soleil s’en était allé derrière les montagnes à peu près en même temps qu’Achillas et Bérénice avaient trouvé une grotte parfaite pour la nuit. Alliant leurs compétences de chasses, ils n’eurent aucun mal à trouver de quoi faire le feu et se nourrir. Les couvertures qu’Achillas prenait d’habitude pour la chasse servirent ici pour la première fois. Il se réjouissait que ses précautions drastiques, qui n’ont jamais été prises par personne d’autre dans le village, se révèlent si utiles. Bérénice avait frôlé l’évanouissement en pensant au fait qu’ils n’avaient aucune couverture pour pouvoir se coucher la nuit suivante. Quand Achillas lui montra son sac, elle lui sauta en coup en lui sortant de tirade de compliments. Allant de « Tu es un dieu » à « Tu es l’homme le plus beau, le plus fort et le plus intelligent que j’ai jamais rencontré », Achillas avait été comblé pour un mois complet.
La grotte était située à une hauteur parfaite, offrant une vue parfaite sur la clairière en contrebas, Achillas pouvait même abattre des animaux de son poste d’observation. La nuit était froide, suffisamment pour avoir envie de se réfugier sous des couvertures, mais le sommeil ne se présentait pas pour le myrmidon égaré et ce, malgré la proximité du corps nu de sa dulcinée. Sur le bord du perron rocheux, il observait les inscriptions sur sa dague, espérant que le nom « Achille » lui remémore de vieux souvenirs et le replonge dans les méandres de l’inconnu. Après quelques minutes de solitudes, il décida de s’habiller plus chaudement, être torse nu en cette nuit était plutôt froid, si ce n’est glacial. Alors qu’il fouillait son sac avec ardeur, Bérénice l’interpella.

-Achillas, mon amour, qu’est-ce que tu fais à cette heure ?
Celui-ci se releva en enfilant un léger pardessus noir avant de s’agenouiller près d’elle.
-Je ne parviens pas à trouver le sommeil, alors j’observe la beauté de la nuit.
Elle lui sourit et attrapa ses mains.
-Hors de question, j’ai une idée pour te faire trouver le sommeil … et te réchauffer si tu as froid.
Achillas sourit en la dévorant des yeux.
-Serait-ce des avances, ma belle ?
-Bien plus que ça … mon beau.
Le soldat la retourna brutalement au-dessus de lui alors que Bérénice retirait son vêtement fraichement enfilé. Elle se cambra contre lui en l’embrassant, bien décidée à faire de cette nuit un moment enflammé et inoubliable …
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Messagepar Asurmen » Sam Aoû 21, 2010 9:20 am

Wahou :o
(je ne sais pas quoi dire d'autre...)
J'attend la suite avec impatience! Et je ne suis sûrement pas le seul!
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Messagepar Black Heaven Fox » Sam Aoû 21, 2010 12:13 pm

La suite d'ici ce soir ou demain ;)
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Messagepar Black Heaven Fox » Sam Aoû 21, 2010 7:27 pm

Interlude deux

-Achillas était à la fois heureux et malheureux … son âme déchirée le tourmentait au plus haut point, malgré qu’il savourait la vie à pleine dent simultanément. L’amnésie peut être parfois passagère, parfois chronique, parfois pratiquement définitive aussi. Achillas savait que le seul moyen de rétablir son identité était de s’en rapprocher, à la fois physiquement et mentalement. Malgré des indices si présents et si nombreux de son passé de myrmidon, notre homme mettra environ deux ans avant de se souvenir de la totalité de son existence.
Le public est immobile tel du marbre, savourant chaque mots composés des lèvres du vieux sage.
-Beaucoup de personnes sont intervenus dans la destinée de notre héros. Notamment Kalika, une ritualiste des terres d’orient ; Agis, un assassin grec ou encore des rois, généraux et sans oublier bien sûr : Bérénice.
Il observe les yeux de son public, tentant de déchiffrer leurs questions intérieures. Un homme se questionne sur sa mort, une femme s’interroge sur sa descendance, un enfant se demande s’il pourrait un jour devenir un héros …
-Peut-être qu’ici, parmi nous, se trouve de futurs légendes. Voyez comme un homme ordinaire peut être si peu préparé face à une destinée héroïque. Si certains d’entre vous se demandent si Achillas a eu une descendance, la réponse est « oui ». Néanmoins, ceux-ci ayant été procréés avec Bérénice, personne ne sait qui ils sont, où ils sont actuellement. Peut-être suis-je un arrière petit fils d’Achillas, peut-être l’un de vous, peut-être un brigand … qui sait ?
Les questions du sage amènent toujours sur de grands et longs débats, confondant fiction et réalité.
-Mais reprenons notre histoire là où nous l’avions stoppée …


Chapitre quatre
La séparation du destin

« Apollon, dieu du soleil, baigne mes journées de la plus grande clarté, guide mon esprit. Athéna, guide-moi, tends-moi vers les bons choix. Arès, guide mes lames vers la victoire. Hadès, prépare mon arrivée dans les entrailles de la terre, que ce soit pour maintenant ou dans un siècle … Mon âme brisée nécessite au moins l’appel en tous ces dieux, je prie chaque matin, dans l’espoir que l’un d’eux daigne m’apprendre la vérité. La vérité à cette question : Pourquoi suis-je vivant ? »

Achillas se tenait torse nu sous la douce lumière du soleil pointant, encore emprunt à la chaleur de la nuit précédente. Bérénice lui avait offert ce qu’il cherchait, quelque chose de nouveau, quelque chose d’innovant, apportant paix et harmonie entre ces deux identités. Il ignorait si Bérénice avait perçu sa détresse ou si elle l’avait fait par hasard ou même par amour. Quoi qu’il en soit, Achillas n’avait posé aucune question sur le pourquoi du comment et s’était élancé dans l’inconnu, dévorant le corps de sa bien-aimée. Celle-ci était d’ailleurs toujours endormie, leurs petits jeux devaient l’avoir exténuée. Ils avaient l’habitude de chasser ensemble, mais Achillas pensait sérieusement que ce matin, il devrait assumer cette corvée tout seul. Il s’habilla doucement, afin de ne pas réveiller Bérénice, il pouvait au moins lui accorder un peu plus de repos après ce qu’elle lui avait offert comme cadeau en lisière de la nuit dernière.
Il jeta un coup d’œil hâtif au bord du perron, aucun animal n’était présent dans la clairière, il devait donc descendre et s’enfoncer plus profondément dans la forêt sommeillant …
Il en profita pour étendre son terrain de chasse, celui-ci se limitant à la clairière et un rayon de quelques centaines de mètres environnant. Les bois restaient clairs autour de la clairière, mais s’assombrissaient au plus l’on s’enfonçait loin. Achillas ne savait pas où elle menait en son bout, mais peu importe, son sens de l’orientation ne le tromperait pas pour le retour, c’était une des qualités qu’il possédait indéniablement. Sa visite des environs dressait une carte dans sa mémoire, comme si ses yeux enregistraient chaque détail possible et imaginable. Il utilisait des repères simples tels qu’un arbre légèrement courbés, un semblant d’eau au sol … en parlant d’eau il venait de découvrir une rivière assez conséquente, tirant probablement sa source d’une grotte juste à sa droite. Il se demandait pourquoi il faisait tout cela, après tout, Bérénice et lui avaient-ils un quelconque endroit où aller ? Y avait-il une quelconque citée grecques aux environs ? Sa compagne pourrait peut-être lui répondre, mais en attendant, ils devraient se contente d’errer de grottes en grottes, espérant de pas tomber dans un quelconque piège animal ou pire encore : un piège humain. Le doyen avait beaucoup parlé de brigands. Vagabonds de toutes sortes : tueurs, détrousseurs, esclavagiste, voire même plusieurs à la fois. Les landes étaient bien plus insécurisées qu’elles ne pouvaient y paraitre. Il marchait avec agilité, évitant de se blesser aux imperfections de la nature, cette partie de la forêt était plus sombre et sauvage, il pensait rien n’y trouver de bon, jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose de plus intéressant. Il s’accroupit, des empreintes suivaient un chemin en retrait, longeant la montagne pour s’élancer vers l’est. Son esprit prudent le fit hésiter pendant un instant, mais ce fût l’exploration et la curiosité qui prirent le dessus. Après quelques mètres, le passage se coupait en deux, laissant la possibilité entre un chemin à l’air plus emprunté, celui-ci étant garni d’empreintes diverses, tandis que l’autre semblait être réservé aux animaux. Préférant avoir l’occasion d’observer les gens de loin, Achillas choisit de s’élancer sur le chemin de droite, tout en gardant un œil sur la gauche de la coupure. Il entendit des voix non loin de lui, aucun de doute, il n’était pas seul dans cette partie des bois. Les voix, en plus d’être couverts par le bruit ambiant de la forêt, étaient trop faibles pour être clairement comprises. En revanche les pas à deux mètres derrière lui, ceux-là, il les entendit. Il se leva d’un bond et se prépara à dégainer son épée, les feuillages s’agitaient et le son se rapprochait. Hostile ou non ? Telle était la question. Voulant éviter les problèmes, il décida de se plaquer au mur dans l’attente que la silhouette soit plus proche. Les secondes passèrent, tandis que le bruit se rapprochait dangereusement, Achillas banda ses muscles plus que jamais. La silhouette était de taille moyenne, de corpulence svelte et encapuchonnée dans du vert foncé. Achillas sourit d’abord à l’idée que ce n’était qu’un homme ordinaire, avant de remarquer la longue épée qu’il portant en ceinture ; Les chasseurs de par ici n’ont pas coutume d’emmener une arme de poing de cette taille, celle-ci étant bien trop encombrante. Un chasseur aurait de plus choisit un coin d’ombre et optée pour une posture plus observatrice qu’un simple marche au milieu des bois. Achillas se faufila en silence jusqu’au dos de sa cible, dégainant sa dague sans le moindre crissement suspect … avant de le saisir à la gorge. La dague posée sur la carotide du rodeur vert, Achillas passa à la seconde étape.

-Qui es-tu ?
L’homme tentait de se débattre, mais l’aigle tenait fermement sa proie entre ses griffes.
-Je suis un voyageur, c’est un crime puni par la loi peut-être ?
Achillas fronça les sourcils en observant l’arme de sa victime.
-Et cette épée couverte de sang frais, c’est normal ?
Le rodeur rigola.
-Monsieur, je crois que vous n’avez jamais rencontré d’animaux violents de votre vie !
Conservant son sérieux et sa prise, Achillas lui répondit sur un ton de menace.
-Je te relâche, mais si tu tentes ne fut-ce qu’un geste brusque, ma dague ira se ficher dans ta chair.
-Pourquoi mentirais-je ?
Le guerrier le relâcha d’une poussée.
-On ne sait pas ce qui peut traîner dans ces sinistres bois …
Le rodeur s’épousseta brièvement, sourire aux lèvres.
-Tu as bien raison … mon ami.
Tout cela flairait le piège, Achillas dégaina alors que l’homme reculait à grands pas.
-Archer !!
Une flèche siffla d’une position inconnue, avant de se ficher dans le mollet de l’amnésique. Celui-ci hurla de douleur avant de tomber tête la première sur les fleurs juste au devant. Achillas remarqua la gravité de ses erreurs accumulées, à commencer pour avoir prolongé son exploration ici, suivi se chemin et la plus grosse erreur : avoir relâché ce brigand si tôt et sans précaution. Le choc de la chute déformait les sons provenant de l’extérieur, mais il entendit nettement son rodeur parler.
-Saisissez-vous de lui ! On l’emmène au camp.
Des bras invisibles le soulevèrent alors qu’il fermait lentement les yeux sur son triste sort. La flèche l’avait déjà rendu pratiquement infirme et peut-être que sans la chute violente qui avait suivi, il aurait été en mesure de riposte d’une manière quelconque. Mais là … aucune chance, la capitulation temporaire était la meilleure solution à portée de main. Quand à Bérénice, il ne pouvait espérer qu’elle aille bien …

« Je venais de participer à une fête concluant l’alliance entre Sparte et Troie il y a quelques jours. J’y avais même vu Achille, il m’avait fait plaisir en venant. Nous avions discuté de choses les plus diverses, la fête s’était bien passé, pour ma part j’avais même parlé au prince Hector, un homme d’honneur, fort aimable et avenant dans ses propos. A peine Achille eut prononcé ses mots, que déjà, mon esprit s’inondait de questions »

-A Troie ????!!
Ces mots avaient brutalement surgis du fin fond de la gorge d’Achillas, s’exclamant et se révoltant sur la déclaration d’Achille. Celui-ci le fixa d’ailleurs d’un regard accusateur, avant qu’Achillas ne reprenne la parole.
-Avec tous le respect que je vous dois mon seigneur, qu’avons-nous à faire, à Troie ?
Achille lui sourit avant de descendre du perron rocheux, s’approchant de son soldat d’un air amical.
-Achillas, je vois que tu as réagi comme moi quand j’ai appris la nouvelle.
Remontant d’un pas agile sur un rocher surélevé, il fit signe aux myrmidons de s’approcher. Achillas se faufila sourcils froncés, voulant être à la première loge de ce qu’Achille allait leur raconter.
-Myrmidons ! Malgré leur pacte récent avec Sparte, les Troyens ont déjà violés cet accord.
Quelques myrmidons faillirent en tomber sous le choc, cela paraissait invraisemblable, notamment parce que le pacte était extrêmement récent, pour ainsi dire, un jour à peine et surtout car trahir Sparte, c’est trahir la Grèce entière, de part les relations étroites qu’entretient Ménélas, roi de cette région.
-Le fait est que Pâris, jeune prince de Troie a emmené Hélène de Sparte sur son navire. Qui, je le rappelle, est la femme de Ménélas, roi de Sparte !
D’autres myrmidons s’agitèrent, mais Achille les fit taire d’une main autoritaire.
-Ulysse m’as parlé ce matin, il veut que je me rende à Troie pour combattre aux côtés des Grecs.
Achillas était pour l’instant consterné qu’Achille accepte de combattre pour des raisons aussi minime et c’est pour cela qu’il cacha sa frustration, attendant que son seigneur finisse d’expliquer jusqu’au bout, révélant peut-être d’autres motivations cachées.
-Je ne me battrais pas pour Ménélas. Je ne combattrais pas pour ce porc d’Agamemnon ! Mais !
Achillas souriait déjà, ce qu’il observait maintenant, ça, c’était Achille en chair et en os.
-Je combattrais pour les grecs et pour l’honneur de la bataille ! Ceci dit, je n’oblige personne à me suivre.
Les myrmidons se soulevèrent immédiatement telle une émeute, certains murmurant entre eux, tandis que d’autres semblaient hésiter. Achillas ne prit pas une seconde de plus à peser le pour et le contre, son choix était fait. Il s’avança vers Achille, avant de s’agenouiller.
-Seigneur Achille, j’ai été, je suis et je resterai votre éternel serviteur, votre fervent combattant, votre loyal soldat et ce, jusqu’à ce que la mort m’emporte ! J’irai à Troie pour vous servir, pour combattre à vos côtés et atteindre l’Elysée main dans la main, tels des frères. Je suis avec vous.
Achille s’accroupit à sa hauteur, en posant une main sur l’épaule du myrmidon.
-Je suis fier de te compter parmi mes alliés.
Les autres myrmidons observèrent la scène dans un silence respectueux, avant que des « Moi aussi », « Je suis avec vous, seigneur », « Pour la Grèce » ne surgissent tel un raz-de-marée. Aucun des myrmidons n’avait failli à son devoir.

Achillas s’éveillait au son des pas et des voix, il était dans une hutte de fortune, au milieu d’autres prisonniers. Il y en avait pour tous les goûts, on aurait dit une sélection de toutes les races de la terre. L’amnésique était assis à coté d’un homme noir, tellement amoché que l’on aurait pu se poser des questions sur le fait qu’il soit toujours en vie. Chaque visage présents affichait le désespoir et la résignation, Achillas ignorait où il était, mais il ne tarderait pas à le savoir … L’avant de son visage était toujours aussi douloureux et ce, sans énoncer la blessure causée par la flèche. Il se redressa légèrement, pour mieux observer les autres, quelques uns lui accordaient un regard, tantôt triste, tantôt curieux. Mais il était sûr que personne n’étais heureux de sa présence ici. N’ayant pas d’autre choix que celui de demander, il se lança :
-Excusez-moi, où sommes-nous ?
Plusieurs détournèrent le regard, comme pris de dégouts. Un seul homme prit la peine de lui répondre. Celui-ci semblait être d'origine d'asiatique.
-Où ? Dans le cauchemar d’Hadès mon frère.
Achillas déglutit et ne trouva rien à répondre, il était clair que ce lieu n’était pas un paisible village de pêcheur … Les minutes passaient, l’amnésique commençait à remarquer la teneur du lieu putride dans lequel il se tenait. Ils étaient tous enchaînés mains et pieds, il régnait une odeur de mort, de brulure et de sang, pire qu’un champ de bataille ravagé. Les chaines étaient bien trop résistantes, les tentatives d’Achillas furent veines. Un homme entra, il ressemblait au rodeur aperçu le jour précédent.
-Toi ! On t’emmène.
Il avait désigné Achillas du bout de son doigt, tous les regards se braquèrent sur lui. Bien décidé à ne pas se montrer coopératif, le guerrier resta de marbre devant les expressions des autres. L’homme l’emmena dehors, en direction d’une hutte de grande taille au bout du chemin. Achillas observa la place d’un air discret, il s’agissait d’un assemblage de tentes et de huttes, parfois couplées à des baraquements à l’aspect plus permanents. Le tout semblait se situer sur le bord d’une montagne. Il s’agissait sans aucun doute d’esclavagistes. Alors qu’ils marchaient, l’homme lui susurra à l’oreille :
-Alors, prêt pour ton voyage au-delà du Styx ?
Achillas l’observa d’un air de défi.
-Alors laisse-moi payer Charon avec un morceau de tes tripes, ça compensera l’absence de pièces.
La réaction ne se fit pas attendre et Achillas se retrouva expédié au sol d’un violent coup de poing.
-Chacal ! Rigole bien tant que tu le peux !
Il releva son prisonnier et continua sa route. Achillas arborait un sourire malgré le coup qu’il venait de recevoir. Ils entrèrent dans la hutte, celle-ci était parfaitement bien aménagée et un homme borgne était assis sur une sorte de trône, entouré de femmes aux formes plus que joyeuses, celles-ci étaient probablement des esclaves, jouets des bons plaisirs de l’homme trônant dans cette hutte. Le geôlier murmura quelques mots à l’oreille de son supérieur, avant de s’éclipser par la même issue qu’à l’entrée. L’homme borgne se leva pour se placer devant Achillas.
-Bonjour jeune homme. Je suis Agathocle, un homme que tu te dois de craindre et de respecter …
Achillas réagit à peine, gardant des commentaires pour la suite.
-Je suis chef de ce camp d’esclave, l’esclavagisme c’est ma vie tu sais. Et d’ailleurs, tu es mon nouveau colis arrivé hier soir. Ceci dit, je t’ai fait venir ici pour quelques questions …
Achillas soupira d’ennuis, chose qu’Agathocle ne prit pas en compte, malgré l’intensité du soupir.
-Je me demandais pourquoi … tu possédais une dague arborant cette inscription … A la mémoire d’Achille, notre vaillant frère, notre valeureux …
Achillas enchaina à sa place, sachant pertinemment la suite du message.
-...Notre valeureux père, notre chef exemplaire. Mauvaise question que vous posez là, je n’ai moi-même pas de réponse.
Agathocle prit un air frustré.
-Comment ça tu ne sais pas ? Cette dague est bien à toi, non ? Cesse de te foutre de moi, tu es soit de la famille d’un myrmidon, soit tu l’as substitué à l’un d’eux !
-Que vous me croyez ou non, je suis amnésique à l’heure actuelle. Je n’ai aucune idée de la signification de cette dague.
Agathocle sourit d’un air malin.
-Amnésique hein …, voyez-vous ça. Bien, c’était ma seule question, tu seras mis en vente d’ici quelques jours. Un dernier souhait peut-être ?
Achillas lui sourit d’un air moqueur avant de lui répliquer :
-Je souhaite que tu sois dévoré par cerbère en personne et que tes éventuelles filles deviennent des prostitués bon marché …
Agathocle s’approcha à quelques centimètres du visage de son esclave.
-Tu as du cran, il faut l’avouer. On m’avait prévenu de ton insolence avant ton entrée ici … tu le regretteras amèrement, jeune Achillas. Emmenez-le !
Deux gardes surgirent de derrières des tentures pour le reconduire jusqu’à sa tente. Mais ce n’était pas pour aller jusqu’à sa tente, mais plutôt une plus grande. A son entrée, un homme l’attendait, armé de divers instruments aux formes bizarres. Achillas grimaça, il se savait prochainement jouet de quelques jeux pour le moins sadique, résultat de son insolence.
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Black Heaven Fox
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Messagepar Black Heaven Fox » Lun Aoû 23, 2010 10:36 am

Chapitre cinq
La fuite

« D’abord on se dit être dans le pétrin le plus total, on pense qu’on ne survivra pas, que la vie sera longue, douloureuse … Puis au final, après quelques mois d’errance, de survie, on se surprit à sourire sous un coup de fouet, un coup de poing ou de pied, quelle ironie. Je ne compte pas rester esclave toute ma vie, j’ai d’autres choses à faire. A commencer par retrouver mon identité, mais aussi retrouver quelque en particulier, qui n’est qu’autre que ma dulcinée. Chaque jour je pense à elle, réfléchissant ce qu’elle peut faire, ce qu’elle peut penser au moment où nous sommes. »

Deux mois et demi s’étaient écoulés depuis la capture d’Achillas. Tout ce temps en captivité dans trois camps de fortune, non loin de cités grecques, où les prisonniers étaient mis en vente selon des systèmes d’achat immédiat, ou parfois d’enchère dans le cas d’intérêt par de multiples personnes. Achillas se déplorait sur cette pratique, comment pouvait-on vendre un homme ou une femme, comme s’il s’agissait de vulgaires outils. De plus, ils étaient vendus moins chers que des animaux ou n’importe quoi d’autres. Par chance, ou peut-être par malchance, selon les points de vue et les circonstances, Achillas demeurait invendu. La raison était simple, il était hors de prix comparé aux autres. Le chef avait placé la barre très haute, prétextant la grande forme physique et mentale de son prisonnier. Mais aucun grec ne tendait à l’acheter, bien que beaucoup le demandait. Le prix était bien trop haut, le physique bien trop dangereux et le mental bien trop sujet à des rebellions. Achillas restait donc le seul invendu depuis tout ce temps, les occupants de sa tente changeaient toutes les semaines. Rhodes, Athènes et Sparte, ces trois villes constituaient le circuit constant des ventes d’esclaves. A chaque fois qu’il pénétrait en ville, il espérait y croiser Bérénice, mais en même temps cela ne lui servirait à rien, elle ne pourrait largement pas payer le prix que valait son propre compagnon et il ne souhaiterait pas qu’il lui arrive quelque chose de mal. Le mieux serait qu’il soit acheté par un homme bon, même s’il doutait de rencontrer un homme bon sur des propriétaires d’esclaves. Ou encore se faire acheter par un homme négligeant la sécurité et l’encadrement des esclaves. Voire peut-être même qu’une occasion quelconque lui soit offerte pour lui faire prendre la poudre d’escampette. Chaque minute perdue dans ce camp était une horrible perte de temps, Achillas s’en rongeait les ongles de fureur. Il devait se montrer observateur et pouvoir tenter sa chance en un moment propice. Les souffrances et la diète que le soldat endurait ne faisait en rien perdre sa force physique, il était clair que sa musculature était affaire de nombreuses années. Etre myrmidon et ceci est connu de tous, même des villageois reculés, nécessitait une force physique, mentale, couplée à une maitrise hors paire des armes de poings comme de jet.
Ce fut au début du troisième mois de captivité qu’Achillas eu sa chance de s’en sortir … Le soleil se couchait déjà alors que les esclaves étaient ramenés dans leurs habituelles tentes sur le bord d’une route ; le trajet de Rhodes à Sparte étant suffisamment long pour compter une bonne vingtaine de halte. La route de cette fois s’était révélé plus longue que prévu, dû à quelques problèmes fiscaux, forçant les esclavagistes à s’arrête dans une vallée réputée maudite, près d’une petite rivière.

-Je me fiche des stupides superstitions et contes pour enfants couvrant ces contrées, on s’arrête ici et maintenant !!! C’est un ordre !!!
Il s’agissait de la déclaration furieuse du chef de camp lorsque ses soldats hésitèrent à s’arrêter, se remémorant leurs histoires d’enfants. On parle de démons voleurs la nuit, de bêtes meurtrières sous les nuits de pleine lune. De quoi faire frissonner un citadin parfaitement normal…
Secrètement, Achillas espérait que les légendes locales distraient suffisamment les gardes pour que ceux-ci en deviennent apeurés, voire même que quelques uns de ces démons attaquent le camp. Ce fut comme si ces prières furent entendues, la nuit suivante, Achillas se réveilla au son d’un cor, qui n’était qu’autre que celui signalant une attaque. Le guerrier se redressa sous la tente, paré à toute éventualité. Un homme déboula sous la tente, armé et légèrement blessé.

-Des démons attaquent, vous avez intérêt à rester bien sage !
Achillas sauta sur l’occasion.
-Ne t’inquiète pas, je comptai fuir cette nuit.
Le garde s’approcha tout souriant. Dès qu’il fut à une portée respectable, Achillas le fit chuter tout juste en face de lui et ensuite, en une fraction de seconde, immobilisa l’épée avec ses chaînes avant d’écraser la trachée du garde à l’aide son talon. Le geste se passa à merveille, l’esclavagiste s’étouffait par son manque d’air, tandis qu’il tentait vainement de détacher sa main armée. Après quelques minutes, l’homme était raide mort. Se servant des clés du garde pour ouvrir ses propres chaînes, il ne tarda pas à passer la clé aux autres esclaves témoins de la chaîne. Non seulement pour les aider à sortir, mais aussi pour profiter de l’aspect tactique qu’offrirai un lâché d’esclave au travers du camp. Ils sortirent de la tente au nombre de douze, soit environ la moitié des captifs, certains étant trop mal en point et donc, indisposés à fuir actuellement. Achillas n’était pas fier de les laisser à leur triste sort, mais il devait hélas d’abord sauvé sa propre vie, sans encore en réduire les maigres chances avec des poids morts. Achillas sortit le premier, histoire de montrer l’exemple, de plus, il avait conservé l’épée du garde mort. Le camp brûlait en partie sous l’attaque des démons, les trois quarts des gardes étaient bien trop occupés à fuir ou à affronter des entités bien trop fortes pour eux, plutôt qu’observer l’état des tentes à esclaves. L’amnésique fit signe aux autres de courir vers la rivière, en leur précisant bien de commencer à construire un radeau, suffisamment bien fait pour être capable de naviguer pendant au moins une journée sans avaries et sans oublier qu’il doit pouvoir contenir une quinzaine de personne. Pendant ce temps, Achillas allait chercher son propre équipement non loin de là, il ne voulait pas abandonner la dague incurvé, qui l’avait tant aidé et qui était aussi un vestige de son identité passée. Il récupéra le tout sans problème, ce ne fut qu’à la sortie qu’un problème se posa.
-Achillas, mon jeune myrmidon, tu veux nous fausser compagnie peut-être.
C’était le chef du camp qui s’adressait à lui, celui-ci était couvert d’éclaboussures de sang, dû à ses combats des minutes précédents. Achillas devait faire vite, il devait en finir suffisamment rapidement avec son opposant pour permettre sa fuite. De toute façon, Agathocle lui chargeait déjà dessus. Le temps pressait, dans tous les sens du terme. Le soldat dégaina bloqua immédiatement le coup de son adversaire, appuyant son blocage d’un léger pas en avant, lui assurant ainsi une force optimale, avant de lui-même se mettre à attaquer. Agathocle se distinguait nettement des satyres qu’il avait tué quelques mois plus tôt, un humain faisait d’avantage usage de tactique et de ruse pour parvenir à ses fins. Le style du chef esclavagiste était basé sur l’ardeur et la vigueur, on pouvait lire une rage indéniable dans ses yeux lorsqu’il combattait. Achillas tenait bon malgré le peu de combat qu’il eut à livrer depuis son amnésie. En trouvant la faille, il pouvait le vaincre d’un seul coup, mais s’enfoncer dans une faille technique risquait toujours d’en ouvrir une de son côté.
-Abandonne, esclave ! Tu n’as aucune chance, j’ai tué bien plus d’hommes que toi !
Agathocle tenta un coup sournois à l’aide d’une dague dissimulée, chose qui surpris Achillas, mais ne l’empêcha pas d’expédier un coup de poing dans le visage de son adversaire. L'esclavagiste cracha le sang coulant de sa bouche.
-En tant que myrmidon, je doute que tu es plus de victoires que moi derrière toi.
-Un myrmidon raté et exclu, voila ce que tu es ! Ils t’ont jetés par-dessus bord pour laver leur honte de t’avoir parmi eux ! Tu es une raclure !
La cadence d’Achillas redoubla, décuplant force et vitesse de frappe.
-Haha, voyez la peine qu’a un myrmidon à tuer un vulgaire esclavagiste, cela me fait presque pitié.
Le soldat persistait sous les railleries, ce n’était pas cela qui le stopperait. Il se savait faible, il connaissait sa posture de myrmidon amnésique. Et d’ailleurs son adversaire avait raison, il faisait honte aux myrmidons à l’heure actuelle.
-Misérable rat ! Tu n’es même pas digne d’être esclave !
Agathocle rit de plus belle, résistant équitablement aux assauts répétés du guerrier. Une voix résonna soudainement, masculine et forte.
-Achillas !
La voix se répéta dans la tête de l’intéressé, tel un écho d’outre-tombe. Malgré son insistance, Agathocle ne semblait pas la remarquer, il continuait de combattre comme si de rien n’était. Cette voix mystérieux était familière et étrangère à la fois. Quoi qu’il en soit, elle eut un effet immédiat sur le comportement du soldat.
-Alors mon esclave, on ne s’incline toujours pas devant son maitre ? On ne lâche toujours pas les … !
Sa voix s’éteignit soudainement, figeant son regard dans le vide. La lame d’Achillas s’était profondément plantée dans l’abdomen d’Agathocle, le transperçant de part en part. L’esclavagiste semblait s’être figé dans le temps alors qu’il tombait à genoux devant Achillas, du sang s’écoulant lentement sur ses lèvres inférieures.
-Comment … comment un esclave a-t-il pu me … vaincre ?
Le regard de l’amnésique était devenu froid comme de la glace, son visage avait prit une forme toute autre et un sourire faisant démarquer une assurance parfaite. Il posa sa lame sur la gorge de son ennemi, le défiant de se relever. Le comportement d’Achillas était dicté par une force inconnue.
-Un esclave ? Quelle insulte que tu fais à un myrmidon du grand Achille.
L’écho de sa propre voix se répercutait au travers de son âme.
-Tu vas maintenant recevoir le jugement des dieux, une justice qui, je l’espère, saura quoi faire de ton cas. Un homme qui se joue de la souffrance des autres, un être abject vendant ses pairs et les traitants comme moins que rien.
Achillas scruta le camp, la bataille continuait de faire rage, les duels étaient interminables, sa fuite était assurée. Agathocle reprit la parole pendant un court instant.
-Qui … qui es-tu ?
Le myrmidon le fixa droit dans les yeux.
-Vas maintenant, le passeur attend ta venue. Et ce sera sans pièce.
Il lui trancha la tête d’un coup net, celle-ci roula un plus loin dans le camp. Tout fut plus clair, les sons se refirent plus net, sa vision fut de nouveau envahit par les fumés s’élevant de partout et son nez fut de nouveau agressé par l’odeur du sang et du feu. Pendant les derniers instant, il n’avait plus rien contrôlé de son corps, la même possession qu’il avait eu au village d’Aios était revenu, ayant visiblement une préférence pour la bataille. La question du « Qui es-tu ? » aurait pu parfaitement s’appliquer à ses propres agissements. Il ne traina pas plus longtemps sur les lieux, il rangea son équipement avant de rejoindra les berges au pas de course. Cinq esclaves étaient toujours vivants, le reste était étendu au milieu de gardes, morts, eux aussi. Ils avaient combattu avec bravoure, luttant pour leur liberté. Achillas fut applaudi d’un tonnerre d’applaudissement et ce, à son grand étonnement. Un homme âgé, typé asiatique, se mit à lui expliquer le pourquoi du comment devant ce regard béat.
-Tu as vaincu le chef de ces pestiférés, nous t’accueillons pour ta bravoure et ta puissance.
Achillas leur sourit, d’un visage hésitant malgré tout. Mais que dire ? « Ce n’est pas moi, c’est Achillas » ? Ce serait complètement stupide.
-Nous n’avons pas de temps à perdre, partons immédiatement pendant que les démons finissent leur travail.
Un jeune homme, probablement originaire du même pays que le vieillard, prit l’initiative de monter sur le radeau en premier.
-En effet, capitaine. Partons maintenant.
Le grade improvisé de capitaine arracha un sourire sincère aux lèvres d’Achillas, peut-être le premier semblant de contentement depuis sa nuit avec Bérénice.


« Le bruit ambiant était intense, d’un coté il y a quelques myrmidons qui se battent entre eux pour l’entrainement et la compétition. Dans un autre coin, il y en a qui parlent, jouent et boivent à ne plus savoir où ils sont. Tandis que moi je prends soin de mon équipement, que ce soit l’aiguisage de mes armes ou encore la vérification de mon armure, tout y passe. Achille a été convoqué par Agamemnon, je ne devais donc pas être surpris si je voyais la tête du roi de Grèce se faire expédier jusqu’à la mer Egée. Agamemnon et Achille étaient semblables au jour et la nuit, ils étaient dans le même camp par pur hasard et si Achille avait de bonnes raisons de combattre au côté des Troyens, je crois bien qu’il l’aurait fait. Mais Achille comptait plus d’amis du côté de la Grèce que des côtes de Troie. Il était un fervent ami d’Ulysse, roi d’Ithaque ; qui était d’ailleurs aussi un de mes amis. Il était aussi un ami d’Ajax et de bien d’autres seigneurs régionaux. Le seul qu’il portait en horreur était Agamemnon, roi de Mycènes. Et celui-ci était hélas le chef d’expédition, voyez l’ironie du sort… »

Achillas revérifiait chaque parcelle de son armure, chaque recoin ou défaillances de son épée. Il voulait être certains de partir prêt le lendemain matin. Troie était réputé comme imprenable, la cité était entièrement entourée de hautes murailles, protégée non seulement d’archer mais aussi de la meilleure cavalerie de toute la Grèce. Et de plus celle-ci était dirigée par le prince Hector en personne, un guerrier non négligeable. Le myrmidon s’imaginait déjà un duel entre Achille et Hector, soit un duel entre le meilleur guerrier de Grèce et le meilleur combattant de Troie. Le combat serait surement acharné, cela est sûr, mais en même temps, Achillas voyait mal son seigneur essuyer une défaite quelconque. Le myrmidon était occupé d’inscrire une phrase sur sa dague, celle-ci faisant partie des meilleures armes qu’il n’ait jamais conçues. Achillas, en plus d’être un guerrier effréné, était aussi un forgeron digne de ce nom ; une qualité suffisamment reconnue pour que pratiquement chaque myrmidon lui demande régulièrement de forger une arme ou une armure pour un usage personnel. Chaque soldat de l’unité présentait donc une dette envers Achillas, même Achille lui-même avait demandé qu’il lui forge une épée, chose que le soldat fit avec la plus grande assiduité, dans le but de lui créer une arme digne de ce nom. De légers coups de marteaux résonnaient sur le métal chauffé à blanc, alors qu’Achillas détectait une présence familière derrière lui.

-Bonjour, mon seigneur.
-Bonjour Achillas. Je vois que tu es toujours aussi régulier dans le soin de tes armes.
Il se pencha au-dessus de l’épaule du soldat, regardant le travail avec un silence respectueux. Il sourit à la vue de l’inscription.
-A la mémoire d’Achille, notre vaillant frère, notre valeureux père, notre chef exemplaire. Achillas, tu es sûr que je mérite tant d’éloges ?
Celui-ci rigola tout en affinant les lettres unes à unes.
-Mon seigneur, vous être le plus grand des guerriers et c’est un honneur pour nous tous, myrmidons, de nous battre à vos côtés. Et de plus, couplée à vos capacités combattives, vous êtes un commandant hors pair et qui se soucie de ses hommes.
Achille était assis sur un amas de draps, observant le sol.
-Je ne me sens à l’aise qu’auprès des myrmidons, voila pourquoi.
Achillas se retourna en brandissant sa dague fraichement incrustée, encore légèrement chauffé du feu du fourneau.
-Il en va de même pour moi, Achille.
Le grand guerrier tapa brièvement sur l’épaule de son soldat. Après quelques secondes de silence et quelques passes de test par la dague d’Achillas, Achille reprit la parole.
-Achillas, je voudrais te demander un service, sur le long terme.
L’intéressé se stoppa net dans son mouvement et s’assit en face d’Achille sans un mot.
-Je voudrais te demander … de guider les myrmidons, lorsque je ne serai plus de ce monde, en compagnie d’Eudore. Vous êtes les deux hommes les plus vaillants de cette unité, vous saurez quoi faire.
Le myrmidon sursauta sous les mots de son supérieur, c’était un honneur immense qu’il venait de recevoir. Achillas releva la tête et prit la parole, pesant ses mots.
-Je serai extrêmement honoré de vous succéder en tant que meneur des myrmidons mon seigneur. Mais avec tout le respect que je vous dois, vous êtes toujours bien vivant et ce, je l’espère pour longtemps encore.
Achille sourit de plus belle.
-Seul Troie nous le dira, mon ami.

« Le calme s’installe, nous quittons peu à peu les odeurs de sang et de cendres pour lentement nous diriger vers d’autres horizons. J’ignore où mène cette rivière, mais un autre Grec du radeau à l’air de s’y connaitre, je ne suis donc pas trop inquiet. L’odeur de la nature reprend peu à peu son règne, étant bien plus bénéfique pour le nez que n’importe quelle autre odeur. Etant au nombre de six, nous prenons l’initiative de ramer par deux, un à gauche et un à droite. C’était le tour du vieil homme chinois et le jeune homme de même race, mon tour venant de se terminer il y a quelques minutes seulement »

Achillas rêvassait, tentant vainement de penser à Bérénice. Les autres anciens esclaves, hormis les deux rameurs, s’émerveillaient devant la beauté des forêts, de l’eau et des collines s’affichant à l’horizon, sans rien faire d’autre en particulier. Le grec qui les guidaient se nommait Archippus, il était guide de profession et de plus, dans ces régions. Il était d’âge mur, de carrure moyenne et de petite taille. Il arborait de courts cheveux, troués par une légère calvitie. Il semblait énormément s’intéresser à la vie d’Achillas.

-Dites-moi, jeune homme, parlez-moi un peu de vous. Si cela ne vous dérange pas bien sur.
Il acquiesça lentement, signalant que cela ne le dérangeait nullement, bien que dans le fond cela fût très embarrassant. Il réfléchit correctement avant de s’exprime, le choix des bons mots s’imposait ici …
-Je possède deux identités. Cela est dû à ma profonde amnésie.
Cette phrase fit afficher des visages remplis d’étonnement, c’était quelque pour le moins inattendu. Le guide prit l’initiative de repose une autre question.
-Oh, peut-on savoir les deux ?
Achillas sourit, après tout pourquoi pas.
-Je suis Achillas, originaire du village d’Aois, pêcheur et chasseur. Je suis follement amoureux d’une femme nommée Bérénice, dont j’ai perdue la trace depuis mon enlèvement par les esclavagistes …
Le nom de « Aois » fit immédiatement son effet sur l’un des hommes du bateau.
-Aois ? Mais ce village a été détruit récemment par des démons !
-En effet, Bérénice et moi faisions partis des survivants … Quand à ma seconde identité, elle est à mettre au conditionnel, selon quelques indices épars j’étais un myrmidon d’un certain Achille, notamment durant la guerre de Troie. A ceci près que celle-ci s’est terminée il y a des années de cela, levant un voile de mystère sur mon passé.
Personne ne dit mot sur la petite embarcation, ils se plongeaient dans ce qui était à la fois réflexion et scepticisme … Achillas crut d’abord être prit pour un menteur s’inventant une vie, mais peu à peu, les autres reprirent confiance devant l’expression sérieuse que le myrmidon affichait. Le vieil homme asiatique, toujours en train de ramer, prit la parole en le regardant, tout souriant.
-Alors j’espère de tout mon cœur qu’à la fois tu retrouveras ta femme et ton identité, jeune héros.
Tout le monde acquiesça d’un petit signe de la tête, tandis qu’Achillas se levait pour prendre la place du vieil homme à la rame, celui-ci semblant exténué par sa tâche.
-Laisse-moi faire, inutile de continuer à te fatiguer.
Le vieil homme ne répondit pas, mais adressa une petite tape sur l’épaule gauche du myrmidon, une marque d’amitié. Secrètement, au fond de lui, Achillas espérait lui aussi retrouver son identité et sa bien-aimée égarée … Si le destin lui permettait …
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Messagepar Asurmen » Lun Aoû 23, 2010 12:59 pm

Dis tu n'as jamis pensé à faire écrivain? Si ce n'est pas encore le cas....
Une seule chose à dire: :clap:
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Messagepar Black Heaven Fox » Lun Aoû 23, 2010 11:19 pm

J'apprécie ton compliment Asurmen, même si je suis loin d'être un écrivain (enfin, à "mon" avis) ...
L'ironie c'est que devenir écrivain fait parti de mes rêves, peut-être qu'un jour celui-ci deviendra réalité ... ;)
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Messagepar Black Heaven Fox » Mar Aoû 24, 2010 7:45 pm

Chapitre six
La défense héroïque

« Je la vois souffrir, elle est prisonnière. Non pas d’êtres humains, mais de démons. Je suis moi-même bloqué, impuissant, forcé à observer ma propre amante mourir sous mes yeux. Force des bras comme celle de l’esprit, je suis forcé à rester à genoux. Je puise jusqu’au fond de mon être, tentant de ranimer des choses oubliés, des réserves que j’ai un jour utilisé mais que mon esprit a aujourd’hui enchainé dans un coin que trop reculé … »

-Oh ! Achillas, debout !
L’amnésique ouvrit lentement les yeux, la vue toujours trouble des cauchemars qu’il venait de vivre. Son corps était emboité de partout, comme si cela faisait une journée complète qu’il dormait dans une position inconfortable ; du moins cela était vrai pour la position, elle était des plus inconfortables en y rajoutant ce qui lui servait de lit. La matière rugueuse et brute du bois composant le radeau le laissa raide pendant un instant, il dut procéder à quelques étirements afin de reprendre contact avec le monde réel.
-Achillas, c’est ton tour de ramer.
Le soldat afficha un sourire en coin, voila quelque chose qui le réveillerait certainement. Les six hommes naviguaient depuis une journée complète, suivant le cours d’une rivière atrocement longue, comme ils pouvaient tous le voir et d’ailleurs comme le guide l’avait annoncé la veille comme « Une des plus longues rivières de Grèce ». Archippus parlait de la région quand cela était nécessaire, ayant première abordé le sujet d’une éventuelle citée, village dans le coin. Ensuite il avait parlé du type de poisson que l’on pouvait pêcher et manger sans problème, c’était plus qu’un simple guide, c’était leur guide de survie à tous, car ici, les connaissances de pêches acquises par Achillas étaient inutilisables, compte tenu de la flore si différente, la faune était elle aussi, très différente. Par chance, les espèces comestibles abondaient sur ce bras de la rivière. Et à l’aide de quelques outils de fortune, la pêche apporta rapidement des ressources suffisantes pour nourrir chaque homme de l’embarcation. Archippus avait parlé d’un village appelé Hélos et qui d’après lui, ils devraient attendre d’ici le milieu de la journée. Le village était essentiellement agricole et pêcheur, un peu comme Aois. Achillas, le seul natif d’Aios espérait du fond de son cœur que leur destination n’aura pas subi un sort similaire au sien. Sinon, vu de ce point-là, ils pouvaient déjà s’apprêter à continuer la descente de la rivière, en vue d’une autre destination, pour le peu qu’il y en aurait une. Les rames passèrent de mains en mains jusqu’à ce que le soleil parvienne au zénith, moment précis où ils arrivèrent au petit quai desservant le village d’Hélos. Achillas rassembla ses affaires en hâte, avant de bondir sur le petit pont de bois. Personne ne semblait présent à cet endroit, peut-être que la pêche avait déjà eu lieu plus tôt, celle-ci se faisant en général le matin tôt. Un chemin relativement large s’étendait un peu plus en avant, passant au milieu de champs, pour finalement arriver à un portique de ce qui semblait être le village en question. Archippus vint se placer juste à côté du guerrier, scrutant les alentours, légèrement inquiet.
-C’est étrange que personne ne soit là … cela m’inquiète.
Achillas prit la parole tout en vérifiant ses sandales.
-Moi ça me parait normal, habituellement la pêche en Grèce est une activité réservée au matin et au soir. Néanmoins, restons sur nos gardes, on ne sait jamais.
Deux grecs étaient toujours sur l’embarcation, Achillas se préparait à demander quel était le problème, mais la réponse lui parvint plus vite que prévu.
-Nous allons rester ici et garder l’embarcation.
Achillas aurait compris l’utilité de cette manœuvre si seulement ils comptaient reprendre la descente de la rivière, ce qui ne serait probablement pas le cas.
-Nous n’allons probablement pas reprendre cette barque, nous allons continuer à pied en travers des terres jusqu’à parvenir à une citée.
Le plus jeune des deux grecs affichait une expression frustrée.
-Nous le gardons au cas où des monstres seraient maitres du village. Où irez-vous si l’entrée est bloquée ?
Sur ce point là, Achillas devait leur avouer raison, bien qu’il doute plus que cela serve d’excuse pour éviter des éventuels affrontements. Il leur fit un petit sourire moqueur, le genre de sourire qu’on ferait à un enfant cherchant des excuses les plus inutiles que les autres pour éviter une corvée encombrante.
-Soit, faites comme bon vous semble. Les autres, allons-y.
Achillas laissa les deux grecs en plan, reprenant la route avec les deux asiatiques et Archippus. Le sentier était strié de marques parallèles, signe que des charrettes à bras ou autre machines passaient fréquemment sur la route. Les traces étaient d’ailleurs encore très récentes, prouvant que le village avait circulé ce matin même. Achillas doutait que le village soit déserté, mais cela restait une éventualité ; le soldat conservait son épée à portée de main, paré à toute attaque surprise. Le jeune asiatique était quand à lui armé d’un trident qu’il portait en diagonale du dos, ainsi que d’un arc long dont Achillas ignorait l’origine, le sien étant nettement plus court. Un arc de cette taille devait projeter ses flèches à quelques centaines de mètres au loin, voire plus même, mais il doutait que l’impact soit aussi puissant que son homologue grec. Le vieil homme était soutenu par Archippus dans sa progression, son grand âge ne lui permettant pas de marcher indéfiniment sans aide. Le silence était maitre des lieux, seul les pas des quatre hommes produisaient un léger raclement. Une flèche fusa d’un buisson, sifflant dans l’air avant de se ficher dans le talon du vieil homme clopinant. Celui-ci s’écroula en grognant, à présent totalement infirme. Achillas ne perdit pas une seconde, sortit son arc pour décocher une flèche sur la tête cornue dépassant des herbes. La flèche partit en trombe, mais fila au-dessus de sa cible.
-A couvert ! Archippus, mets le vieil homme derrière le muret là !
Le satyre préparait son deuxième tir, mais il fut interrompu par une longue flèche au travers de la gorge. Achillas regarda le satyre s’écrouler, stupéfait ; Il se retourna, sourire aux lèvres, le jeune asiatique n’avait pas commis la même erreur que le myrmidon.
-Joli tir …
L’asiatique posa sa main sur son cœur en acquiesçant, probablement une sorte de salut.
-Mon père était défenseur de la grande muraille lors des invasions mongoles, il était un archer de renommée.
Achillas lui sourit tout en pensant que lui aussi, il aurait bien voulu vanter les exploits de ses parents, de ses pairs, voire même les siens ; chose hélas qu’il devait faire abstraction pour le moment, non par manque de permission mais plus précisément par manque de possibilité, l’amnésie opérant toujours.
-Et je vois que son fils a hérité d’un certain talent dans le maniement de l’arc. Mais en fait, je ne connais toujours pas ton nom …
Le jeune archer rangeait son arc avec soin, le laissant néanmoins à moitié visible, probablement pour le dégainer plus vite en cas de besoin. Les flèches qui remplissaient son carquois étaient longues et effilées, correspondante au format de l’arc.
-Je me nomme Sun Tian monsieur.
Achillas mémorisa le nom, se promettant de ne jamais l’oublier. Il se retourna pour regarder de plus près l’état du vieil homme. Celui-ci perdait peu de sang, mais la flèche avait probablement froissé, voire sectionné un ligament. Sur un homme de cet âge, la blessure mettrait du temps à cicatriser. Il nécessitait néanmoins d’être porté. Achillas tenta de retira le projectile, mais en comparant la grimace de l’homme et le sang qui s’apprêtait à gicler, il était préférable de laisser cette flèche à son endroit.
-Archippus, te crois-tu capable de le porter seul ?
Celui-ci acquiesça avec assurance, soulevant déjà le corps de terre en ayant pris de placer un bras sous la nuque et l’autre sous les genoux.
-Bien, allons au village.
Ils redoublèrent de vitesse, ne voulant perdre aucune précieuse seconde pour cette fois-ci. Achillas pouvait apercevoir un homme armé non loin derrière portique, Hélos semblait mieux préparer qu’Aois, cela ne semblait faire aucun doute. Le regard froid et l’allure militaire, le garde vint à leur rencontre, baissant sa lance non loin de la gorge d’Achillas.
-Halte ! Ordre du général, personne n’as le droit d’entrer dans ce village.
Achillas posa rageusement sa main sur la lance du soldat, tandis qu’il levait sa main gauche en signe de reddition, il avait horreur de se faire agresser de cette façon.
-Nous ne sommes pas vos ennemis, nous sommes six voyageurs cherchant à la fois asile …
Il désigna le vieil homme, toujours porté par le guide.
-… et des soins pour cet homme.
Le visage du garde restait de marbre, tandis qu’il s’approchait pour examiner le blessé. Il fit signe de le poser sur le sol, tandis qu’il sortait des bandes et des baumes qu’il avait en sa possession, le tout étant placé dans un sac placé à hauteur de ses reins.
-Hum, je vais faire une bande ici et puis je l’amènerai au village. Ce vieil homme ne représente aucune menace, quand à vous trois, je demanderais autorisation à mon supérieur.
Achillas soupirait discrètement, il constatait avec désespoir que le protocole militaire n’était vraiment pas adapté pour distinguer menace et voyageurs égarés. Mais certes, ce garde ne faisait que respecter les ordres.
-Très bien, nous patienterons le temps qu’il faut. Tout ce que je peux vous assurer c’est que nous ne sommes aucunement des démons, si c’est ce que vous pensez.
Le garde ne répondit pas, absorbé dans ses soins primaires. Un grondement s’éleva, provenant de la rivière, il était de faible intensité mais Achillas l’entendait nettement. Sun Tian et Archippus ne semblaient pas y prêter attention, contrairement au myrmidon. Il serrait la poignée de sa dague de toute ses forces, allant jusqu’à en laisser des marques dans sa peau. La terre tremblait … non pas dû à un quelconque roulement, mais aux pas de courses de centaines de bêtes à sabots … Le garde se releva en hâte.
-Seigneur de l’olympe, ils arrivent !!
Il se rua au village en hurlant de sonner l’alerte, tandis qu’Achillas dégainait son épée avec vigueur.
-Tian, prends le vieil homme et passe devant, trouve-lui un abri sûr, tu seras plus rapide. Archippus et moi couvrons tes arrières.
Tian s’exécuta sans attendre de remarques, mais le guide semblait être horrifié face à la réalité de la phrase que venait de sortir le guerrier.
-Quoi ? Comment ? Me battre ?! Mais Achillas, je ne sais pas me battre !
Achillas lui tendit son arc et quelques flèches.
-Dans ce cas, couvre-moi avec ça et surtout fais gaffe à … Baisse-toi !
Un satyre venait de débouler en plein élan, il était grand et imposant et chargeait tel un taureau sur Archippus. Le guide se plongea en avant, de telle sorte à ce qu’il se retrouva en les jambes d’Achillas. Celui-ci avait gardé l’épée en main et la planta en travers de la gorge du monstre, de manière légèrement incliné afin de pousser le corps vers le sol et ainsi éviter de se faire percuter. Un corps d’une telle masse avait tendance a persister dans son mouvement après sa mort. Il retira l’épée juste après qu’Archippus se soit dégagé, avant d’essuyer les quelques gouttes de sang qui avaient giclées sur son visage. Le guide était tétanisé.
-Qu’Hadès me rappelle … qu’ai-je fait pour parvenir à cela !
-Cessez de gémir et reprenez cet arc ! Il est trop tard pour reculer maintenant.
Sur ces mots, une bonne dizaine de satyres se profilaient au loin, sans compter la paire qui venait de surgir du coin de la colline. Achillas observait son acolyte du coin de l’œil, celui-ci tentait de viser avec l’arc. Il lui laissa le temps, après tout tirer une première fois n’étais pas si simple, lui-même avait failli estropier Bérénice lors de son premier tir …
La flèche partit à toute vitesse et alla se ficher dans le cœur du premier satyre, il s’agissait d’un bien meilleur tir que celui d’Achillas au même niveau. Le deuxième satyre s’arrêta quelques secondes, encore hébété de la mort de son compagnon, ces mêmes secondes qui signèrent sa propre fin, le myrmidon ayant lancé sa dague dans le cou exposé de l’homme-bête.

-Je suis béni d’Arès … j’ai abattu cette bête d’une seule flèche !
Achillas alla récupérer en hâte sa dague sur le corps de la victime, pour ensuite s’emparer du petit bouclier de bois arrondi, appartenant autrefois au défunt « satyre-taureau », mais celui-ci n’en ayant plus aucune utilité.
-Ne te réjouis pas trop vite, les dieux reprennent vite leurs faveurs sur les hommes. Ne pense pas trop longtemps et contente-toi de tirer, si tu te poses des centaines de questions sur le pourquoi de ton geste, s’il va réussir ou pas, tu peux déjà poser des pièces sur tes yeux pour le passeur.
Archippus fut d’abord terrorisé de la déclaration de son compagnon, mais elle eut finalement un effet encourageant sur ses actions. D’autres satyres commençaient à venir, arc bandé et épée levé, les deux hommes se préparaient à leur bataille. Le guide rata sa première flèche visant un satyre borgne, le même qui se précipitait sur Achillas, hache levée et prêt à le dépecer. Le guerrier para le coup de son bouclier, avant de faucher les pattes du monstre et de l’achever une fois au sol. Son affrontement avec le chef esclave lui avait beaucoup appris et de simples satyres à l’instinct sauvage ne constituaient plus une menace pour lui. D’autres bêtes se présentèrent, tantôt transpercés par une flèche, tantôt tranchés par une épée ou une dague. Le rythme d’arrivé des satyres était relativement lent, ce qui permettait aux deux hommes d’assures correctement la défense. Si une légion de satyres se présentait dès maintenant, la fuite agirait en tant que plan de secours, seule alternative à une défense qui serait désespérée. Au fur et à mesure que la bataille gagnait en intensité, Achillas gagnait en force et en reflexe, il était sujet à une montée d’adrénaline incroyable. En fin de compte, son passé de myrmidon n’avait plus rien d’étonnant, la bataille était l’endroit dans lequel il se sentait le mieux, il aimait ressentir la chaleur se déverser dans son corps, ces picotements discrets indiquant tel ou tel danger. La bataille était ce qu’il préférait le mieux, après être auprès de Bérénice bien sûr. Mais dans ce cas, l’effet était double, puisqu’en y réfléchissant, il pouvait trouver divers sens à son combat, à savoir qu’il se battait pour le village, qu’il se battait pour couvrir Tian, ou encore le sens qui le rendait heureux … celui de se battre pour Bérénice.
L’intensité des vagues redoubla, les satyres chargeaient avec force à la vue de leurs compères mutilés. Achillas continuait de bloquer les satyres déboulant sur lui, bloquant l’accès vers Archippus, mais l’un d’entre eux, plus intelligent, fit un détour pour parvenir à lui. Le guerrier l’avait remarqué, mais trois satyres particulièrement véreux l’empêchaient de baisser sa garde, il dut se résoudre à espérer que le guide parviendrait à s’en sortir. Le trio infernal alternait sa tactique pour traverser les défenses d’Achillas, tout en bloquant tout assaut envers eux. Achillas tenta une feinte vers la tête du premier, faisant réagir les deux autres, pour finalement reporter son coup, en pivotant légèrement sur la droite, dans l’abdomen du troisième, celui-ci s’écroula raide mort. Les deux autres furent emprunt de furie et se jetèrent tels des lions sur le myrmidon. Celui-ci parait avec frénésie, expédiant des coups dans tous les sens et plaçant le bouclier dans les bons angles. Il observait le combat que menait Archippus à la dérobée, l’avantage n’étais pas en sa faveur … il devait trouver un moyen rapide d’en finir avec ses deux protagonistes. Il assena au premier satyre un coup de bouclier d’une telle force que celui-ci en resta sonné pendant quelques secondes, lui permettant, non sans parer un coup désespéré de la deuxième bête, de l’achever sur le champ. Il ne restait plus qu’un seul satyre en lice, celui-ci jouait prudent. Conscient de perdre du temps, Achillas para un coup avant de reculer de quelques pas et pouvoir lancer son couteau vers son adversaire. Le satyre, désemparé, ne vit rien venir et s’en alla rejoindre ses compagnons dans les entrailles des enfers, là où ils devraient normalement se trouver. Il se retournait, sous la brise du vent, pour aller aider son compagnon d’arme, mais il était déjà trop tard, conséquence de sa propre faiblesse pour éliminer ces trois satyres gêneurs, Archippus venait de finir empalé au bout de la lance du satyre fou. La rage monta en Achillas comme de la lave dans un volcan, son corps tremblait tandis que ses mains se resserraient sur ses armes. Une larme s’écoula au milieu du sang couvrant son visage.

-Je vais … te lacérer, jusqu’à ce que ton corps ne soit plus que des petits cubes pouvant nourrir garnir la coupe du dieu Arès et que ton sang apporte renouvellement à la terre !
Le satyre grogna en se relevant sur ses pattes arrière. Il prit un de ses javelots et le lança en hurlant vers Achillas, son bouclier s’interposa dans un mouvement machinal. Le myrmidon rangea son épée et récupéra le projectile tout en avançant vers sa cible. Le satyre récupéra sa lance, toujours plantée dans le corps du grec, avant de lui-même s’avancer vers l’humain. Le regard de fureur affrontait le regard bestial, aucun des deux ne baissait les yeux alors que le duel commençait. Achillas se battait de manière lointaine, tirant parti de la longueur du javelot pour rester à bonne distance, le fer de l’arme frôlant constamment les yeux du monstre. Le combat se prolongeait inlassablement, les deux combattants tentant d’asséner un coup mortel à son opposant. Des bruits de pas résonnaient toujours au lointain, mais cette fois il ne s’agissait pas de sabots, il s’agissait de sandales. Le satyre en prit conscience et leva les yeux du combat pour scruter les alentours d’un air furtif. Achillas s’exprimait toujours avec rage.
-Tu les entends ? Tu entends ces pas ? C’est la marche des soldats d’Hélos, ils viennent pour en finir avec toi et tes camarades, mais ne t’inquiète pas, j’en aurai fini avec toi avant leur arrivée !
Le satyre était désemparé, Achillas lança le javelot pratiquement à bout portant, celui-ci alla se ficher dans le cou de la bête. Décidément coriace, le satyre vivait toujours, malgré le râle qu’il exhortait et le sang qui coulait à flots. Achillas tournait autour de lui, se délectant de ses souffrances.
-Alors tu vois maintenant ! Tu observes de près la souffrance que tu as infligée ? Tu réalises !
Il s’empara d’une deuxième épée et s’approcha du satyre, positionna ses lames et en un mouvement de ciseau, trancha l’abdomen de la créature. Le satyre éviscéré vivait toujours, couinant et vomissant du sang par litre. Achillas affichait une moue de dégouts à cette vision d’horreur, il trancha la tête de la créature, avant de repousser le corps d’un coup de pied. Il lâcha son arme inutile et rangea l’autre dans son fourreau, avant d’accourir vers le corps transpercé d’Archippus. Celui-ci vivait toujours, mais son temps de vie se comptait sur les doigts d’une main.
-Archippus, l’Elysée t’attend, tu y seras accueilli tel un héros. Tu as fait face … malgré … malgré que tu ne fusses pas un guerrier. Je …. Je suis ravi de t’avoir compté parmi mes amis. Je suis désolé de t'avoir forcé au combat.
Il respirait avec peine, du sang s’écoulait de sa bouche, tout autant que sa plaie béante.
-Achillas … tu es un myrmidon, un de ces guerriers légendaires … et … et … tu nous sauveras de …. « Ça ». J’attendrais ta venue dans l’Elysée aussi longtemps que mon âme se consumera …
Ses yeux se révulsèrent et Archippus rendit son dernier souffle … laissant Achillas seul survivant de la bataille. Alors qu’il se relevait au milieu des corps, il vit l’armée, non pas Hélos, mais bel et bien celle de Sparte, fière et rouge, arborant des bannières aux lettres d’or : « Sparte », immobile à quelques mètres de lui …

« La fête bats son plein, je goute ce délicieux vin qui nous ai offert gratuitement, j’observe avec intérêt les jolies formes des danseuses, certaines sont grecques, d’autres sont égyptienne, d’autres encore sont d’origines asiatiques … toutes d’une beauté à ravir. Quelques minutes plus tôt, Sparte a célébré son alliance avec la ville de Troie. Le roi de Sparte, Ménélas ; sa femme, reine de Sparte, Hélène, d’une grande beauté d’ailleurs ; le prince de Troie, Hector ; ainsi que son jeune frère, Pâris. Que des invités de marque pour cette soirée. Mais tout le monde oublie un invité pour le moins remarquable, si ce n’est qu’il n’est pas roi … »

L’ambiance battait son plein, les musiciens et les danseuses se déchainait tandis que quelques hommes s’amusaient, pariaient et buvaient, prêt pour finir la nuit. Achillas était assis dans le coin de la salle, profitant du bon vin, un très bon vin de table, spécialement apporté de Rhodes en l’honneur du banquet. Le myrmidon sirotait lentement, attendant la venue de quelques amis, ceux-ci ne tarderaient d’ailleurs pas. Il avait eu la confirmation d’Eudore, mais aussi Agape et Europe, tout trois myrmidons bien sûr. Quand à Achille, sa réponse demeurait de l’ordre du « peut-être ». En fait, peu importait, Achillas se serait réjoui de sa présence, mais s’il n’était finalement pas présent, la fête serait quand même digne de ce nom avec Eudore et les autres…
Une serveuse passa prêt de lui, le plateau entièrement vide.

-Excusez-moi, belle dame … une dizaine de verres de vins je vous prie.
Elle rougit au compliment avant de répondre.
-Tout de suite, seigneur.
Achillas lui adressa un clin d’œil, le titre de « seigneur » était plutôt flatteur dans le sens où il n’en était pas un.
-Toujours aussi habile pour parler aux femmes à ce que je vois …
Achille apparut au coin de la porte et sourit au soldat assis à sa table. Celui-ci se leva pour aller saluer son seigneur.
-Ah, Achille. Tu es quand même venu ? Tu n’as pas trouvé d’autres divertissements à ta hauteur ?
La remarque le fit sourire de plus belle. Ils s’assirent tout deux près du coin, dans l’attente des autres.
-J’ai pensé que le meilleur divertissement se trouvait auprès de mes hommes … surtout que certains font un charme indéniable auprès des femmes.
Achillas prit un air volontairement innocent.
-Ah bon ? Je me demande bien qui…
-Tiens, en parlant de ta belle serveuse, la revoilà …
Celle-ci souriait en apportant les dix coupes de vins, elle les posa lentement sur la table, en un mouvement gracieux, avant de finir sur un « S’il vous plait » parfaitement poli. Achillas répartit le tout avant de lui tendre une dizaine de pièces d’or. Celle-ci en fut tout émue mais argumenta son refus.
-Monsieur, je ne peux pas… ce vin est totalement gratuit…
Ce à quoi Achillas répliqua avec aisance.
-Mais observer vos yeux bleutés comme la mer sous un ciel de nuit … cela n’as pas de prix.
Elle prit les pièces, arborant un sourire doux et charmant.
-Charmeur …
Elle s’en alla d’un pas tranquille tandis qu’Achille sifflotait en observant la foule.
-J’espère que je ne t’ai pas dérangé …
Achillas éclata de rire.
-Ne t’en fait pas pour cela.
Achille s’excusa tandis qu’il se levait en hâte, il avait probablement repéré quelqu’un de sa connaissance, il faisait souvent le coup. Achillas se leva lui aussi, parcourant la salle à lente enjambées, dans le but d’observer la décoration de la salle et aussi, trouver un autre angle pour profiter de la fête. Il vit le prince Hector, accoudé à un pilier de la salle, observant l’escalier menant aux étages supérieur. Achillas saisit une coupe de vin à la volée, avant de la tendre au prince.
-A votre santé, prince Hector.
Celui-ci fut à la fois surpris et content.
-A la votre, guerrier grec. Quel est ton nom ?
Achillas l’invita à s’asseoir à une table proche.
-Je me nomme Achillas, soldat grec mais bien plus que ça … Un myrmidon.
Hector sirotait le vin tout en faisant des hauts et bas avec sa tête, en signe d’acquiescement.
-Un myrmidon ? On dit que ce sont des soldats hors pairs, te vanterais-tu de cela ?
Achillas sourit en prenant une allure fière.
-Oui et non. Oui parce que effectivement les myrmidons sont une troupe d’élite, mais « non » pas pure modestie …
Ils trinquèrent, finirent leur verre, avant qu’Achillas ne remarque qu’Achille saluait Eudore quelques mètres plus loin.
-Excusez-moi prince Hector, je vous laisse pour le moment. On m’attend plus loin.
Celui-ci lui fit un signe de la main avant qu’Achillas ne le salue d’un bref signe de tête ; Il s’en alla accueillir Eudore. En passant, il vit que les balcons offraient un magnifique spectacle à la fois aquatique et céleste. Peut-être que cette nuit sera romantique, pour le peu qu’il trouvait la fille digne d’une telle balade ….
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 26, 2010 9:03 am

Interlude trois

Le vieux sage est lancé sur son histoire, le monde est figé sur place, écoutant inlassablement l’épopée fascinante. La nature elle-même semblait s’intéresser à l’histoire contée …
-De nouveau libre, Achillas était obstiné par sa recherche de Bérénice. Il ne savait néanmoins pas où la chercher, ses dernières traces s’évaporant très loin au sud-ouest, bien loin de la région de Sparte. La bataille était le seul endroit où l’esprit d’Achillas trouvait un parfait commun d’accord, aucun des autres n’écrasant l’autre. L’air de rien, l’esprit guerrier du myrmidon d’Achillas lui insufflait le désir, la technique et le courage pour se battre. Quand aux démons, personne ne savait pourquoi ils se manifestaient soudain avec tant d’ardeur, mû par une force à la fois puissante et mystérieuse, mais aussi foncièrement démoniaque et ambitieuse. Ce fut une époque troublé, les routes étaient devenus impraticables de part les dangers les guettant, les petits villages étaient exposés à une centaine de risques supplémentaires. Même les quartiers pauvres des grandes cités de Grèce en furent ravagés, seul les places, les quartiers nobles et certains quartiers chanceux subsistaient tant bien que mal. En temps de guerre, il y a des héros. Et cette guerre n’échappa pas à la règle, les humains puisèrent dans leurs plus profondes réserves spirituelle et physique, certains atteignirent même pratiquement le statut de demi-dieu. Achillas, dans la foulée de l’époque, fut l’un de ses héros vainqueur de démons, même si sa vie était mitigée sur le chemin à suivre…
Achillas venait de gagner sa première grande bataille pour sa nouvelle vie. Son corps en était sorti intact, mais son esprit en avait pris un coup suite à la mort d’Archippus. L’impression de culpabilité fut néanmoins relativement courte, le mal et la souffrance que les démons occasionnaient dans la région ne patientant pas vraiment que l’esprit de l’amnésique ne se relève. Achillas fit la rencontre du général Léonidas, un homme bon et puissant qui sauva de nombreuses vies durant le premières années de guerre contre les démons, même s’il finit par y laisser la sienne … Laissez-moi vous bercez de détails, qui je suis sûr, préférez à un grossier résumé que je viens de faire …


Chapitre sept
Le reflet de la culpabilité

« Je vois toujours le sang s’écouler de ses plaies. Je suis rongé par la culpabilité, pourquoi l’ai-je forcé à combattre ? Peut-être aurais-je dû mener la bataille à moi seul et personne ne serait mort, ou tout au pire : moi. Mais de toute manière, quel intérêt de vivre avec la moitié d’une identité, une fiancée disparue, un village ravagé et une terre infestée de démons … Les dieux m’ont maudit, je ne sais pas ce que j’ai fait par le passé, mais il est clair que je suis maudit des dieux, forcé de souffrir, incapable de me nourrir … »

Achillas fermait les yeux de son compagnon mort, les observant une dernière fois avant d’y poser les pièces. Les pièces de la mort, un rite funéraire bien connu, celles-ci servaient au mort afin de payer son passage par-delà la rivière du Styx, l’affluant de la haine, une des rivières séparant le monde terrestre de celui des morts, telle le Phlégéthon ou encore l’Achéron. Archippus était un homme bon, il pourra retrouver son chemin jusqu’à l’Elysée, ou du moins c’était ce qu’Achillas espérait. Il se releva, s’apprêtant à rejoindre le village, mais il faillit, dans sa confusion, percuter un homme dans sa marche aveugle. L’amnésique s’arrêta net devant l’homme, celui-ci arborait une armure doré et une cape rouge passant par deux fois à l’avant comme à l’arrière, attaché par des épingles sculptées et gravées au nom de « Sparte ». L’homme était particulièrement grand et massif, dépassant de loin le myrmidon en termes de centimètre. Il portait son casque à la main et exprimait sur son visage la gravité dramatique de la situation.

-Je suis Léonidas, général de sparte. Ton ami a vaillamment combattu, j’en suis certains, il saura où aller dans le monde souterrain.
Achillas baissa la tête, une larme coulant sur sa joue.
-Archippus n’était pas un guerrier, il ne méritait pas ce sort … mais je pense néanmoins comme vous, il aura sa place dans l’Elysée, auprès des grands. Je souhaite que des rites funéraires dignes de ce nom lui soient accordés.
Léonidas leva la main en signe de cordialité.
-Tout sera fait selon tes désirs. Quand à toi, mes guetteurs t’ont vu combattre. Ils ont dit que tu étais un guerrier hors norme et qu’à vous deux, vous avez repoussés l’entièreté de la vague satyre. J’aimerais connaitre ton nom, guerrier.
Achillas était totalement tourmenté. Il ne désirait pas s’attribuer de lauriers sur une bataille ayant couté la vie d’un ami.
-Demandez aux dieux, ils ont assez maudits mon nom pour les siècles à venir…
Laissant Léonidas dans son état d’hébètement, il emprunta le chemin vers Hélos où il espérait, pouvoir trouver le repos …
Son pas était ponctué de regards admirateurs et d’applaudissements enthousiastes, toutes ces choses qu’il ne désirait pas. Sun Tian l’attendait près d’une hutte en retrait du village, il était assis sur le seuil, confectionnant des décorations pour son grand arc. Il paraissait rayonnant, jusqu’à ce qu’il regarda l’expression qu’Achillas affichait, reflet de douleur, de souffrance et de mort … Il s’approcha, le prenant par les épaules.

-Achillas, ta victoire a été grande, tu as sauvé un village entier de femmes et d’enfants innocents, ils auraient péris si tu n’avais pas été là.
Le guerrier le repoussa vivement, crachant sur ses propos.
-Et Archippus ?! Je l’ai sauvé peut-être ? Non ! Il est mort par ma faute, par mon incompétence et mon héroïsme excessif ! Il a péri à cause de ça ! Il marche aux côtés des ombres maintenant ! Tu comprends ça ?!
Tian baissa la tête, ne sachant que dire pour apaiser le cœur saignant de son compagnon. Achillas avait un regard froid et dur comme la glace, tenter de vaines paroles aurait été un suicide. Le myrmidon continua son chemin jusqu’à la hutte, y entra en hâte, pour ensuite se passer un peu d’eau sur le visage. Peut-être agirait-elle comme un baume sur son esprit, avant de fabriquer un antidote pour son cœur. Le vieil homme apparut au coin de la pièce adjacente, observant le corps encore ensanglanté d’Achillas, ainsi que le visage teinté de haine.
-Achillas … Archippus est mort dans la satisfaction d’avoir sauvé des vies humaines. Il savait que sa cause était bonne et …
Le guerrier se tapa la tête sur le bois, tentant de canaliser sa fureur.
-Archippus est mort par ma faute ! Comment peux-tu connaitre ses motivations ? Tu communiques avec les morts maintenant ?
-Non, mais il me l’a dit un peu avant la bataille, quand j’ai moi-même été touché à mon talon. Il m’a dit ne pas avoir peur de mourir pour sauver des vies humaines plus en danger que lui. Il m’a dit avoir fait son temps et que les dieux pouvaient le rappeler. Tu n’es pas responsable de sa mort, il a accepté de t’aider et c’était de son plein gré.
Achillas se murmurait que c’était faux, mais il devait bien admettre, malgré sa rage, que le vieil homme venait de marquer un point.
-Mais je n’ai pas su le protéger au moment où il en eut le plus besoin. Un satyre avait passé suffisamment loin de moi pour directement atteindre Archippus … Trois satyres m’assaillaient et je n’ai pas su en découdre suffisamment rapidement avec eux.
Le vieil homme posa une main sur l’épaule du guerrier, avant de murmurer.
-Achillas, j’ai moi-même été un grand guerrier, un archer, défenseur effréné de la muraille de chine. Et je peux te dire avec conviction, que la mort de certaines personnes est inévitable, quelles que soient tes capacités, les circonstances ou autres. Archippus est mort aujourd’hui car il devait mourir aujourd’hui et même si tu remontais le temps, bloquait ce satyre … un autre l’aurait achevé, la mort ne retient pas son fléau une fois qu’elle est lancée.
Le myrmidon se sentait apaisé, le vieillard était décidément un maitre dans l’art de s’adresser aux gens mal de leur peau. Achillas s’assit sur un grand coffre de bois, rapidement rejoints par le vieil homme.
-Quel est votre nom ? Vieil homme.
Le sage lui sourit lentement.
-Je me nomme Yi, tel l’archer légendaire qui terrassait les soleils, même si bien sûr, je ne suis pas ce Yi là.
Ils rigolèrent de bons cœurs. Rire avait allégé le cœur du guerrier, lui faisant secrètement comprendre qu’il était inutile de s’en vouloir, le destin s’était acharné sur son compagnon à présent décédé.
-Achillas, les démons n’attendront pas que tu te décides à refouler ta culpabilité. Tu dois partir de l’avant dès aujourd’hui, pour mieux combattre demain. Tu es celui qui sauvera de nombreuses personnes des démons …
Achillas se leva afin de préparer quelque chose à manger, répondant à l’appel de son estomac.
-Ne dites pas de bêtises, ce n’est pas parce que j’ai vaincu une dizaine de satyre que je suis celui qui les tueras tous. Ces bêtes sont les plus faibles du bestiaire démoniaque, à mon avis du moins.
Le vieillard ne se démonta pas et revint immédiatement à la charge.
-Connais-tu les prophéties Achillas ? On y parle de différents hommes et femmes qui participeront à la chute des démons, la défaite des conspirateurs et la mort du dernier titan vivant sur ce monde. On y parle d’un homme sombre qui aura sa rédemption, d’une femme orientale rejetée des siens … et entres autres, d’un myrmidon amnésique.
Achillas éclata de rire tout en pouffant par intervalles.
-Je ne suis surement pas le seul myrmidon amnésique et puis, même si j’en faisais parti, les autres élus seront plus aptes que moi à gérer le problème. Un pêcheur ne saurait vaincre des démons ou encore moins vaincre un titan.
Le vieillard se leva pour se mettre à faire les cents pas dans la petite pièce, étant à la fois frustré, mais peu étonné de la réaction du jeune homme.
-Les myrmidons n’étaient que cinquante et ont vécus il y a trop longtemps de cela pour encore vivre aujourd’hui. Un seul d’entre eux peut toujours vivre aujourd’hui et celui-ci a probablement été épargné lors de son passage aux enfers …
Achillas s’étrangla alors qu’il avalait un peu d’eau fraiche à la table basse. Il se retourna d’un bond pour faire face à son interlocuteur.
-Je ne suis pas un myrmidon, je ne suis pas élu de vos prophéties et encore moins ressuscité par de la magie des dieux ! Cessez vos foutaises !
Yi se dressa, ne dominant pas Achillas de part sa petite taille, mais faisant certainement une impression suffisante de part la grandeur de son esprit.
-Ecoute-moi bien, jeune fou, que tu le veuilles ou non, ton destin est déjà tracé. C’est impossible d’emprunter des petits chemins, ton destin est une grande route droite et déjà écrite depuis des millénaires.
Achillas baissa les yeux de désespoir, cet homme ne comprenait décidément rien … Il se retourna sans un regard, préférant prendre un bon bol d’air frais plutôt que de continuer à écouter des prophéties totalement infondées. Conscient de sa propre faiblesse, il ne voulait pas qu’on lui parle de « grand destin ».


« Je pose mes lèvres sur les siennes, je sens sa peau sous mes mains avides … Son corps chauffe alors que je m’approche et soulève lentement sa robe, je me prépare à accéder aux secrets, le gardien m’as donné l’accès, son gardien m’y a emmené et ce, sans broncher. Je m’enflamme sur son corps de nymphe, après les petits signes, les beaux yeux, les belles paroles … Ce fut la romance sur le balcon, cette ambiance céleste dont je rêvais en début de soirée et maintenant j’en suis à cette nuit embrasée … avec cette serveuse si bien roulée. »

La fête s’était en effet annoncée particulièrement intense. Quelques verres et quelques jeux en compagnie d’Achille et des myrmidons, avant de s’en aller vers la serveuse sur le coup d’un bon pari. Eudore et les autres étaient fans de pari et ceux-ci l’avaient mis à l’épreuve.

-Hey Achillas, tu vois la belle serveuse là-bas ? Si tu l’embrasses, tu réussis ton pari !
Achillas souriait, se disant que ce ne serait pas difficile de gagner, la serveuse était la même que celle qui avait servit les dix verres auparavant, alors qu’Achille et Achillas n’étaient que deux à la table ; et Achille seul savait combien elle lui avait tapé dans l’œil. Et puis, si seulement Eudore connaissait le charme dont pouvait faire preuve son compagnon. A l’annonce de ce pari, Achille avait failli s’étrangler dans son vin, c’était le genre de pari qu’Achille n’aurait jamais proposé à son soldat qu’il connaissait tant.
-Eudore, je ne sais pas si tu es conscient de la teneur de ton pari, mais moi j’y mets ma bourse.
Il posa une petite bourse sur la table de pierre, contenant environ une bonne centaine de pièces d’or. Achillas éclata de rire à la vue du sourire d’Achille, celui-ci parlait empli de confiance.
-Vous allez voir qu’à la fin de la soirée, cette fille sera au septième ciel …
Achillas se levait déjà, l’air conquérant.
-Oh c’est sur, elle le visitera …
Il adressa un clin d’œil à l’ensemble de la table, provoquant des rires de la part des myrmidons et un sourire complice de la part d’Achille. En quelques minutes de paroles envouteuses et magnifiquement poétique, la serveuse, du nom d’Adonia, lui faisait gouté la volupté de ses lèvres. Leur embrassade provoqua un applaudissement en provenance de la table des myrmidons, mais certes seulement perçue par Achillas, sa chère compagne n’étant pas consciente qu’elle était sujette à un petit jeu entre ami. Après cela, ce fut le romantisme, le tour des balcons sous la beauté de la nuit. Le myrmidon décidait secrètement de prolonger la teneur du pari. Après tout, cette serveuse avait un charme indéniable et seul un fou l’aurait refusée au point où ils en étaient. Ils étaient maintenant enlacés dans une chambre de l’étage supérieur, Achillas étant toujours éveillés, il se contentait de la tenir près de lui, tout en la caressant avec admiration. Quand à Adonia, elle s’était assoupie après les derniers va et vient que lui avait offert son compagnon. Ceux-ci lui avait visiblement provoqué une grande satisfaction, notamment aux nombreux gémissements de plaisir qu’Achillas avait pu entendre. Une fête de cette envergure ne se tenait pas tous les jours et Achillas préférait en profiter, cela était un moyen de décompresser entre les combats. Etre myrmidon ou soldat c’était aussi savoir improviser les activités, trop prévoir étant assez dangereux, personne ne savait en effet si la guerre pouvait éclater demain. Le dernier vrai affrontement d’Achillas remontait six mois plus tôt, un groupe de barbares s’était présenté aux frontières d’Ithaque et Ulysse avait fait appel à Achille. Le groupe en question était d’ailleurs de très grande taille, il était clairement prévu pour un assaut de grande envergure. Les myrmidons s’étaient joints aux soldats du seigneur Ulysse. Toujours inférieur numériquement, le roi d’Ithaque avait songé à appeler Agamemnon pour qu’il joigne un peu de ses forces, les villages tombant jours après jours sans que l’armée d’Ulysse ne parvienne à les arrêter, ceux-ci hésitant à s’attaquer à une telle armée. Achille jugea la troupe suffisamment nombreuse et armée pour affronter les envahisseurs et malgré les protestations d’Ulysse, ils partirent à la rencontre des primitifs. En terme de nombre, les barbares se trouvaient être le triple, mais leur piètre sens tactique et stratégique les handicapaient d’avance, de plus, ils se trouvaient en face du plus fin stratège qui soit, Ulysse en personne ; ainsi que du plus grand guerrier ayant jamais existé, Achille, accompagné de sa troupe d’élite de myrmidons. En quelques heures, les derniers barbares survivants, c’est-à-dire trois ou quatre peut-être, battaient en retraite désespérément. Les pertes de l’armée d’Ithaque se comptaient à environ une centaine de morts, tandis que les pertes étaient absentes du coté des myrmidons. La troupe d’élite ne tachait pas sa renommée. A part cette bataille, Achillas s’était contenté de s’entrainer durant ses six derniers mois. Aucun barbare, aucune nation douteuse, aucune trahison, aucune conquête de la part d’un roi ambitieux … le calme plat. Mais peut-être s’agissait-il du célèbre « calme avant la tempête ». Et si cela était le cas, la tempête serait d’une telle virulence que les dieux eux-mêmes en resteraient secoués … Si Achillas voulait évoquer le cas d’Achille, celui-ci avait eu la chance d’être appelé par Agamemnon pour combattre le champion de Thessalie, c’était il y a trois mois de cela. Bien que la « chance » considérée par certains était plutôt une malchance pour Achille, (et Achillas partageait ce dégout pour ce sac à vin de roi stupide) celui-ci avait accepté de venir. On racontait que le champion de Thessalie, malgré sa carrure d’Athlète et sa taille de colosse, fût tué d’un seul coup d’épée par Achille. Le myrmidon donnait raison aux rumeurs, il savait pertinemment qu’Achille était capable d’un tel exploit, son titre de « Plus grand guerrier de Grèce » devait bien tenir ses sources de quelque part. Achillas se leva pour aller observer le ciel étoilé par la fenêtre entrouverte. Aucun nuage, aucune fumée, rien ne venait tacher le tableau parfait que formait le ciel en cette nuit. Il avait toujours aimé la nuit, elle le rendait serein et réfléchi, le faisant parfois songer à un éventuel avenir. Avenir sur lequel seul le temps pouvait lever le voile.


La nuit fut calme et rafraichissante. Achillas avait passé la nuit entière dehors, sous un arbre vieux de plusieurs siècles. Il préférait largement dormir à la belle étoile plutôt que d’être forcé d’entendre le vieil homme énoncer ses prophéties et autres histoires à dormir debout. L’armée spartiate avait établi son camp non loin, de manière à pouvoir intervenir efficacement en cas d’attaque. Depuis la falaise surplombant le village depuis la hutte des trois compagnons, on pouvait voir le village en contrebas et le camp à quelques mètres seulement. Les anciens esclaves ne se comptaient en effet plus qu’au nombre de trois, premièrement dû à la mort d’Archippus, mais deuxièmement car, Sun Tian l’avait dit hier alors qu’Achillas venait de sortir de la hutte, les deux grecs qui « gardaient » la barque s’étaient lâchement enfui avec. A vrai dire, ce n’était pas vraiment une surprise, leur attitude était déjà douteuse quelques minutes auparavant. Mais qu’ils soient partis avec cette barque ou non était sans importance, la route qu’Achille prévoyait n’ayant plus rien avoir avec un quelconque bateau. Le myrmidon se leva pour s’étirer un peu, les muscles encore raides de la nuit. Il aperçut Tian remontant le chemin à droite de lui. L’étonnement fut au rendez-vous, celui-ci avait l’air éveillé depuis au moins une bonne heure.
-Achillas ! Comment vas-tu mon ami ?
L’intéressé finit sa flexion avant de s’avancer, sourire aux lèvres.
-Très bien Tian. Et toi ?
-Parfaitement bien. J’ai été voir le camp spartiate ce matin, la moitié de l’armée compte faire route vers Athènes bientôt.
Achillas acquiesça sans un mot. Tian continua…
-Et le général Léonidas souhaite te voir par la même occasion, il dit avoir besoin de discuter avec toi.
Achillas grogna intérieurement mais fit néanmoins un signe positif en s’en allant vers la hutte.
-Dit-lui que j’arrive d’ici une demi-heure environ.
Tian lui adressa un clin d’œil.
-Très bien, chef.
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 26, 2010 10:21 am

Je suis ouvert à tous commentaires.... ^^
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Son histoire:
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Messagepar Jean » Jeu Aoû 26, 2010 10:33 am

C'est très bien écrit et plein d'inspiration mais, si tu veux une petite critique, je trouve qu'il y a beaucoup de longs dialogues. Est-ce parce que c'est le début de l'histoire ?
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Messagepar Black Heaven Fox » Jeu Aoû 26, 2010 10:43 am

Les dialogues sont en effet relativement nombreux mais je m'en sers beaucoup dans mes textes notamment pour ces raisons:

-Le dialogue est capable de couper un moment de narration trop long, ceux-ci pouvant parfois devenir ennuyeux.
-Les dialogues plongent bien dans le contexte de l'histoire je trouve, c'est dur à expliquer comme ça à la volée ... mais je veux dire que les conversations permettent à la fois de sentir vraiment de près le contact entre les personnes, en évitant de trop réduire le contact à quelques verbes d'actions résumant les faits ou les mots.

J'avoue que certains dialogues pourraient se trouver remplacer par une phrase plus entrainante, mais de toute façon, ce texte sera entièrement revu et partiellement réécris quand il touchera à sa fin.

Merci de ton commentaire en tout cas ^^
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Messagepar Black Heaven Fox » Ven Aoû 27, 2010 1:22 pm

Chapitre huit
Les signes du destin

« Bérénice, Bérénice … chacun de mes pas, chacune de mes phrases, chacun de mes mots, je ne cesse de penser à elle. L’idéal serait que je retourne fouiller aux alentours d’Aios, mais les chances de la retrouver seraient beaucoup trop faibles. Premièrement car, en tant que chasseuse, elle ne serait jamais resté au même endroit plus d’une semaine et deuxième qu’il y avait au moins deux mois et demi depuis la dernière que je l’avais observé. Je m’en souviens comme si c’était hier, Je l’observais nue dans la couche, encore enflammée de la nuit précédente … Je n’oublierais jamais la nuit que j’ai passé avec elle …»

Le soleil commençait seulement à émerger de derrière les montagnes cernant l’horizon, offrant une lueur jaunâtre sur la cime des arbres et les rochers situés en hauteur. Achillas avait demandé une demi-heure avant de pouvoir être reçu, le temps qu’il puisse se laver et s’habiller décemment, ainsi que se pouvoir s’éveiller tranquillement. Il ne voulait pas honorer un entretien avec un général en étant à moitié nu et complètement à l’ouest après tout. Une rivière coulait non loin de la hutte, l’eau était claire et légèrement transparente, rien ne semblait l’empoisonner d’une quelconque manière. Il remplit sa flasque et entreprit de se laver de la tête au pied. Le réflexe de vérification de l’eau lui étaient mystérieux, il ne pensait pas à faire cela ; tout comme ses réflexes au combats, il ne pensait pas toujours à les exécuter. Toutes ces choses étaient simplement des mécanismes de son corps, des rouages qui s’étaient installés autrefois, dans son passé probablement. Si il avait réellement été un myrmidon, les réflexes de batailles avaient bels et biens subsistés, tout comme le reste, tels des témoins de son histoire, à ceux-ci près que ces témoins ne pouvaient pas parler. En récapitulant correctement, Achillas était conscient que le fait d’avoir été un myrmidon était sûr à au moins quatre-vingt pourcents. Il possédait une dague commémorative, confectionné au nombre de cinquante d’après le défunt doyen d’Aois ; Son autre identité vit en lui et se manifeste lors des batailles, celle-ci démontre une force et un charisme indéniable … Les exemples étaient légions, mais un seul détail ne se collait pas correctement sur le reste du tableau et il s’agissait de la chronologie …
Achillas se rhabilla à la hâte, il ne comptait pas non plus faire attendre Léonidas la journée entière. Le sentier descendait vers une grande route, point de convergence avec le sentier principal desservant le petit village d’Hélos. Tian l’attendait au portique, assis et l’air rêveur, il afficha un léger sourire à la vue de son compagnon d’arme. Le myrmidon le lui rendit, mais il réfléchissait déjà à ce qu’il allait dire, il avait plusieurs questions à poser à l’archer chinois.

-Tian, dit-moi, le vieil homme ne serait pas ton père ?
Il sût de suite qu’il s’agissait d’une mauvaise question. Tian se mit à le regarder avec dédain et méfiance.
-Il y a un problème avec ma question ? Si tu réponds « oui » c’est que c’est ton père, « non » c’est que ça ne l’est pas. C’est aussi simple que ça …
Le chinois baissait les yeux, conscient de sa propre réaction négative. Achillas discernait un manque de quelque chose dans son expression, était-ce de l’assurance, de la confiance ?
-Oui, c’est mon père. Mais ne lui dit rien, lui il ne sait pas que je suis son fils.
Heureusement qu’Achillas marchait sur de la terre ferme, il aurait été sur un chemin pierreux, il aurait probablement fait une chute potentiellement mortelle.
-Quoi ?? Mais pourquoi tu ne lui dit pas ? Je ne vois pas le problème que pourrais avoir un père à réaliser d’avoir un fils.
Le camp spartiate était juste devant, l’activité était au rendez-vous malgré l’heure matinale.
-Le camp est là, nous en reparlerons après si tu veux.
Achillas acquiesça, c’était comme il le voulait, maintenant ou après, la vérité éclaterait. Tian présenta rapidement le message que le général lui avait délivré, il servit de « laissez-passer » tout le long du camp. Un champ de tentes rudimentaires, arrondies, certaines pouvant accueillir quatre à huit personnes, d’autres pouvant aller pratiquement jusqu’à la centaine. Achillas remarqua que les spartiates possédaient une bonne écurie, c’était d’ailleurs ce qu’il manquait à Aois, du moins lorsque le myrmidon y était. Le village ne possédait plus de chevaux, les derniers ayant été tué par des brigands, du moins c’était ce qu’avait raconté le doyen et que Bérénice avait confirmé. Ici par contre, ils semblaient en avoir suffisamment pour tous les gradés du camp et qui était d’ailleurs, probablement les utilisateurs privilégiés. L’entièreté du camp était entourée de mur, certes bas mais ornés de piques, surement pour casser les lignes durant des assauts groupés. La tente de Léonidas, quand à elle, était spacieuse, orné du symbole de Sparte et coloré de rouge. Un garde était posté à l’entrée, le même qui les fit entrer sous la tente. Léonidas avait un habit similaire à celui avec lequel Achillas l’avait rencontré le jour précédent, toujours une cape rouge et une armure dorée. A l’entrée des deux hommes, celui-ci se leva en hâte.
-Cher amis, permettez-moi de vous saluer en ce jour.
Tian et Achillas s’inclinèrent brièvement, par pur respect. Léonidas leur fit signe de s’asseoir, s’excusant de les faire venir de si bonne heure et de déranger Achillas dans son deuil.
-Aucun souci général. J’ai trouvé le réconfort en repensant aux circonstances de sa mort.
Le spartiate semblait ravi d’entendre cela de la bouche de l’homme qui l’avait plutôt violemment envoyé balader l’autre jour. Ce qui ne l'avait pas empêché de connaitre son nom de part le jeune chinois.
-Ravi que tu es trouvé le réconfort, tout autant que ton ami trouvera le repos dans l’Elysée. Nous avons préparé tout le nécessaire pour ses funérailles, tu pourras t’en charger juste après. Après que vous aurez répondu aux quelques questions que j’ai à vous poser …
Un léger signe de la main de la part des deux hommes, cela ne leur posait aucun problème.
-Achillas et Tian, vous m’avez l’air d’hommes d’actions et d’héroïsmes. Excusez-moi si défendre un village est considéré comme si héroïque mais je connais peu d’hommes ayant repoussé une attaque de démons au nombre de deux. Quand à toi Tian, je ne t’ai pas vu combattre, mais je sais que tu as du potentiel grâce aux commentaires positifs qui m’ont été faits lorsque tu as participé à l’entrainement de l’archerie hier soir, dans le camp de sparte !
Ne trouvant rien à répondre, les deux hommes se contentèrent de sourire.
-Bon, trêve de bavardage, venons-en au fait. J’allais vous proposer d’accompagner l’armée spartiate dans sa longue route jusqu’Athènes. La moitié de l’armée comptait aider nos anciens ennemis Athéniens, tandis qu’un quart resterait ici et le dernier quart serait renvoyé à Sparte.
Il finit par préciser qu’ils n’étaient en aucun cas liés aux obligations militaires et qu’ils pouvaient partir quand ils le désiraient. Tian accepta de bon cœur, prétextant le gout de l’aventure. Achillas acquiesça avant d’exposer son propre avis.
-Pour ma part, j’accepte aussi. Rien ne me retient ici et ce n’est pas en ces lieux reculés de Grèce que je trouverai ce que je cherche, c’est-à-dire plusieurs choses.
Léonidas en était pratiquement à ronronner de contentement.
-Qu’Arès nous bénisse, bienvenue parmi nous à vous deux ! Apharès vous montrera vos tentes, nous partons demain matin, alors faites vite ce qu’il vous reste à faire ! Pour le peu qu’il vous reste des choses à finir bien sur !
Ils s’inclinèrent avant de s’éclipser, un homme vint à leur rencontre, il était relativement âgé et portait une longue barbe en broussaille, il s’agissait probablement d’Apharès, l’homme indiqué par le général. Les deux tentes en question étaient surélevées par rapport aux autres et pouvait amplement accueillir chacune une moyenne de dix hommes de carrure normale. Achillas et Tian avait droit au luxe, cela était sûr. Ils étaient totalement exempts de corvée, mais pouvaient néanmoins profiter des entrainements à volonté, chose sur laquelle Achillas ne manqua pas d’y participer. Rejoindre ses capacités de myrmidon faisait parti de ses objectifs pour retrouver une partie de son identité perdue et il le savait. Bien qu’il sache aussi que cet entrainement serait trop faible pour pouvoir tout résoudre, c’était toujours un bon début avant de partir sur d’autres horizons. Il se rendit aux premières séances en milieu d’après-midi, et le mot « trop faible » disparut bien vite de son esprit. Course à pied d’environ une heure, marche en montagne en guise d’échauffement ; une fois revenus aux camps les vraies hostilités commençaient seulement : combat au poing, combat à l’épée, combat de lances, de haches, sans oublier le tir à l’arc ou encore la stratégie de combat et l’utilisation du bouclier de façon correcte. Tout cela n’était pas sans fatigue et Achillas ne dut son salut qu’à sa condition physique particulièrement forte de base, Tian ayant arrêté après les combats d’épées. Le myrmidon avait repoussé les limites de son corps et par-là même, il avait renoué contact avec lui. Ce corps avec qui le myrmidon d’autrefois avait tant combattu. Il possédait un corps d’athlète, mais hélas rempli de capacités désormais inexploitées. L’entrainement et la bataille étaient les seuls facteurs capables de lui faire revenir à sa force de soldat. Le ressentiment de la fin de l’entrainement était divisé pour Achillas, d’un coté il souhaitait que cela continuait, il voulait toujours plus d’exercices pour persévérer ; mais en même temps, son corps n’en pouvait plus et il était temps qu’il aille se reposer dans sa tente, forcer sur ses capacités n’était pas non plus une solution. C’était aussi une affaire de temps. Cette nuit-là, il dormit mieux que jamais, épuisé et fatigué, Morphée c’était rapidement décidé.

« Je marchais tranquillement dans les rues de Sparte. La nuit s’imposait en maitre et la lumière de la lune provoquait mille dessins en jouant avec les ombres. J’avais marché dans la partie riche de la ville, la zone où la fête avait eu lieu et maintenant je m’engageais dans le quartier commerçant, réputé pour être mal famé et plutôt dangereux. Mais qui serait le fou qui s’attaquerait à un myrmidon ? Je porte l’armure et mon bouclier est sanglé dans mon dos, tandis que mes armes pendent à ma ceinture. Je me doute donc que seul un inconscient m’attaquerait. Et puis, m’attaquer ne signifie nullement me tuer … »

Achillas avait quitté la couche qu’il avait partagée avec la serveuse pour faire une des activités qu’il adorait : se promener la nuit. Une balade nocturne pour le myrmidon, c’était comme l’entrée dans un nouveau monde. Autant qu’il était un combattant acharné, sachant se battre dans le bruit, sous la lumière et la chaleur d’une belle journée d’été, autant qu’il appréciait son opposé, le calme et la pâle lueur des rayons de lune. La nuit lui était propice au recueillement et à la réflexion. Normalement, un couvre-feu régissait les rues de Sparte la nuit, mais ça ce n’était que sur papier, la réalité était bien médiocre. Le couvre-feu ne s’appliquait que dans les hauts quartiers et ce, uniquement si il n’y avait pas eu de fêtes trop arrosées. Le reste de la ville était entièrement désert. Le couvre-feu arrêtait toute personne se baladant sans autorisation la nuit dans les rues de Sparte, mais la question ne se situait pas à cette hauteur là, puisqu’Achillas possédait cette autorisation depuis des mois déjà. Le fait résidait dans la sécurité des rues et les éventuels crimes que peuvent commettre des brigands, les citoyens avait de quoi craindre, surtout ces temps-ci avec l’arrivée de nombreux individus peu recommandables. Quand à la fête, Eudore et les autres myrmidons étaient clairement entrain d’y dormir. Achillas y aurait volontiers rajouté Achille si seulement il l’avait vu en passant dans la salle de fête complètement assoupi. Peut-être celui-ci avait-il décidé de s’adonner aux randonnées nocturnes, tout comme un certain myrmidon de son unité, mais c’était peu probable. Deux autres possibilités étaient envisageable : soit il s’en était retourné chez lui, soit il dormait en charmante compagnie dans une des autres chambres disponible à l’étage, ce qui était parfaitement possible. Achille disait tout le temps qu’Achillas était un charmeur mais en sur ce point ils étaient à vrai dire, sur un parfait pied d’égalité.
Les rues devenaient de plus en plus tortueuses à mesure qu’Achillas avançait dans le quartier, il comptait bien toutes les visiter avant la fin de la nuit, mais un détail le fit hésiter. On pouvait entendre, faiblement et de manière étouffée certes, des cris et des paroles non loin. Le myrmidon accéléra le pas, oreille aux aguets, il devait trouver d’où provenait ces voix. Le son s’amplifiait, à l’est …. Il s’amplifiait encore et encore. Au coin d’une rue, le soldat trouva le problème. Un vieil homme en toge était à terre, ses contusions et ses hématomes étaient visibles sous la pâle lueur de la nuit. Cinq hommes se tenaient debout devant lui, dont trois qu’Achillas détermina armés, les deux autres pouvaient très bien l’être aussi. Ils lançaient des railleries au vieillard blessés, pendant qu’un le ruait de coups contre le mur du cul-de-sac.

-Vieux corbeau, t’avais dit à ma femme qu’elle me quitterait quand tu lui avais parlé de tes conneries de « Destin » et maintenant elle est réellement partie ! Alors maintenant, tu vas payer en or et en sang, tout de suite !
Le vieil homme répliquait qu’il n’y était pour rien, mais le brigand lui enfonça sa botte dans la mâchoire. Achillas s’avançait lentement et calmement, il préférait régler ça de manière diplomatique mais il gardait néanmoins son épée à portée de main.
-Je vous dérange messieurs ?
Ils se retournèrent comme un seul homme. Le préposé « chef » s’avançait, sourire aux lèvres.
-Oui, tu nous déranges, monsieur le garde. Alors maintenant tu dégages de ma vue et tu vas faire ton tour ailleurs sinon …
Il mima l’égorgement d’un homme, ce qui provoqua de petits rires derrière lui. Achillas lui sourit, il voulait jouer au malin à ce qu’il voyait.
-Non, je ne compte pas m’en aller. Rien qu’à voir ta tête, je me dis que tu agresses cet homme pour simplement t’amuser. Tu es un voleur de rue, un brigand tellement faible que même une prostituée aurait pitié de toi.
La réplique déclencha quelques rires du côté des brigands, ce qui provoqua un vif hurlement réclamant le silence, en provenance du chef des agresseurs. Celui-ci était devenu rouge vif, les traits déformés par la rage. Il tenait sa main sur une épée qu’il portait en bandoulière.
-Dégages de suite … ou tu vas souffrir.
Achillas éclata d’un rire bruyant avant de déclarer que dans ce cas, il l’invitait à rester. L’homme dégaina sa petite épée, préparant à frapper, avant que celle-ci ne rencontre celle d’Achillas, déjà dégainée. Les sbires à l’arrière se préparèrent à passer à l’assaut, mais le chef leur fit signe de s’abstenir, il comptait en découdre seul. Celui-ci donnait des coups à tord et à travers, alternant verticaux, horizontaux et obliques ; des coups si aisément parable qu’Achillas se contentait de parer à une main et de conserver le bouclier harnaché dans le dos. Ils se tournaient autour, si ce n’est que le bandit se fatiguait à une vitesse vertigineuse. L’infortuné opposant du myrmidon tenta de feinter mais Achillas détecta le subterfuge et s’empressa de lui expédier un coup de genoux dans l’abdomen, suivi d’un coup d’épée dans la même zone. Blessé, l’homme tentait de battre en retraite tant bien que mal, mais finit par chuter par sa propre faute.
-Regardez-moi ça, un homme qui fait son malin contre les plus faibles que lui, mais dès qu’on hausse le cran, il pleurniche… c’est pitoyable.
L’homme blessé grognait entre ses dents, peinant à parler correctement. Il put néanmoins hurler un ordre d’attaque en bonne et dû forme. Les cinq scélérats se ruèrent sur le myrmidon, qui détacha son bouclier en hâte, par pure mesure de sécurité. Il para une dizaines de coups avant de faire tomber le premier homme d’un violent coup de bouclier. L’un d’entre eux leva son épée pour frapper haut et fort, mais en agissant ainsi, il exposa sa gorge de manière mortelle. L’infortuné gisait sur le sol, le bras toujours arqué vers le haut. Les trois derniers étaient rongés par la rage, mais au fond d’eux, ils ressentaient aussi la peur. Le plus grand d’entre eux se fit percer l’abdomen d’un estoc d’Achillas. Celui qui paraissait le plus jeune prit la fuite à la vue de son compagnon mort, le myrmidon lui laissa la vie sauve, inutile de galérer à le poursuivre. Le dernier survivant se tenait droit, sur ses gardes, mais la peur s’affichait dans ses yeux comme s’il agissait d’un livre ouvert.
-Tu ne peux pas cacher ta peur éternellement. Pourquoi me combats-tu ? Parce qu’un imbécile te l’as ordonné ? C’est pathétique de risquer ta vie ainsi …
Le brigand était pétrifié, incapable de prononcer ne fut-ce une syllabe.
-Je te laisse la vie sauve. Vas maintenant et deviens un homme bon …
Achillas ne parvenait pas à voir si le brigand ressentait de la satisfaction ou de la honte dans le fait qu’on le laisse vivre. Quoi que ce soit qu’il pensait, il s’en alla en marchant, sur un pas sonnant un renouveau. Le myrmidon rangea ses armes à leurs emplacement respectifs, il se préparait à s’en aller, ayant oublié qu’il était venu ici dans le but de sauver un homme. Mais celui-ci le lui rappela soudainement.
-Jeune homme, ma dette envers toi est infinie …
Achillas se retourna en faisant une légère révérence.
-De rien, vieil homme. Il en va de ma conscience que de protéger un homme sans défense. Soyez prudent la prochaine fois.
-Attends !
Le myrmidon sentait que rien n’était fini dans leur conversation.
-J’ai un message pour toi, un message des dieux.
Achillas écarquilla les yeux, se demandant ce que voulait dire le vieillard.
-S’il s’agit d’une prédiction stupide parce que je vous ai sauvé, veuillez me laisser tranquille. J’ai mieux à faire.
La voix du vieillard prit soudainement une tout autre intonation, devenant à la fois forte, imposante et sujette à un écho résonnant sur chaque parcelle du monde terrestre.
-Ceci n’a rien d’une prophétie stupide. Dans un siècle et demi environ, les titans prendront leur revanche sur les dieux. Les démons libèreront les Telkines, qui eux-même se ligueront pour délivrer Typhon, le cauchemar des dieux. Seuls les hommes pourront en venir à bout. Tu fais parti de ceux qui pourront combattre les titans et leurs sbires.
Achillas réfléchissait activement, ce message ne semblait pas être une blague. La voix était trop intense et prenante pour être celle d’un humain. Etait-ce réellement Hermès ? Dieux messager ? Le soldat savait que les dieux pouvaient prendre plusieurs formes mais certes cela restait étrange.
-D’ici un siècle et demi, je serais mort depuis longtemps.
Le vieillard en transe répondit pratiquement avant qu’Achillas ne finisse sa phrase.
-Les dieux t’accordent l’immortalité à cet effet. Ils te l’accordent pour que tu puisses un jour combattre les démons.
Achillas demanda pourquoi que c’était lui que les dieux avaient choisis, après tout, d’autres hommes comme Achille ou Hector, voire d’autres encore, avaient maintes fois plus de potentiel.
-Ce n’est ni le destin d’Achille, ni celui d’Hector. Ils sont actuellement plus puissants que toi, mais au terme de ton destin, tu seras en mesure de vaincre Achille en personne. C’est ton destin et celui de personne d’autre.
Le myrmidon s’avança de manière à être à quelques centimètres à peine de son interlocuteur.
-Mon destin est de servir Achille où qu’il aille, j’ai prêté un serment éternel. N’essayer pas de m’appâter avec des cadeaux de puissances ou autres. La vie d’immortel ne m’intéresse pas. Ma vie de mortel a déjà tout son sens et je n’ai rien besoin de plus, faites vos guerres et je ferai les miennes … des guerres de mortels.
Hermès baissa les yeux, emprunt au désespoir.
-Les dieux auraient espéré une meilleure réaction de ta part …
Il s’évapora, ne laissant qu’un emplacement vide dans l’espace et le temps. Achillas restait bouche-bée, méditant sur ses propres paroles. Il sentit le regard d’un homme peser sur son épaule, il ne le connaissait que trop bien. Avant que le myrmidon ne prenne la parole, Achille le fit.
-Je connais peu d’hommes qui auraient refusés l’immortalité. Mais laisse-moi te dire que tu as fait le bon choix …
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Messagepar Asurmen » Mar Aoû 31, 2010 5:32 pm

Alors... On attend la suite!
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Messagepar Black Heaven Fox » Mar Aoû 31, 2010 11:24 pm

Ah, je pensais que vu le peu de réaction, poster en devenait inutile ... ^^.

La suite arrivera en trois chapitre d'ici demain matin ;)
-Achillas, conquérant niveau 61, Légendaire Fini
Son histoire:
http://www.titanquest-fr.com/forum/topic7699.html

Agis, assassin niveau 21, Normal Acte IV
Kalika, ritualiste niveau 12, Normal Acte I
Bérénice, future sage niveau 3, Normal Acte I
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Messagepar Black Heaven Fox » Mer Sep 01, 2010 11:57 am

Interlude quatre

-Notre héros se préparait à faire route aux côtés des soldats de spartes … Il ignorait encore qu’il deviendrait leur général le plus respecté dans les années qui allaient suivre. Tout comme il n’aurait jamais pensé reconstruire les célèbres myrmidons. Avais-je parlé de ça ?
La foule reste muette, se contentant de quelques signes de tête de gauche à droite, signalant calmement qu’il n’avait pas énoncé le fait de nouveaux myrmidons.
-Alors laissez-moi vous résumer cette partie de l’histoire. Bien des années après la fuite des démons hors des terres … Achillas ayant retrouvé la mémoire, il voulut reformer une troupe d’élite et ce, pour diverses raisons. Notamment pour faire régner l’ordre, mais encore devenir un atout de bataille, un outil de dissuasion, comme ils l’avaient autrefois été à Troie, pour ne citer qu’une grande et majestueuse bataille. Une raison non négligeable était aussi qu’Achille lui-même avait demandé à ce que les myrmidons soient repris par Achillas, chose qu’il n’avait su faire, dû à sa chute tragique dans les flots déchainés de la mer Egée… Pour se racheter, il décida de reformer les myrmidons sous un nouveau jour, succédant Eudore, dernier chef des myrmidons en date, celui qui les avaient repris après la mort d’Achille. Achillas se mit à parcourir tous les pays qu’il avait déjà visités auparavant, lors de sa quête contre les démons, pour recruter les gens possédant un grand potentiel. Tian en faisait parti, tout comme bien d’autres de ses amis dont je vous parlerai plus tard … ne gâchons pas tout le plaisir. Les premières années des « néo-myrmidons » pour ainsi les appeler avec ironie, furent désastreuses. Achillas peinait à commander la bataille et les capacités de ses hommes n’étaient pas à la hauteur de ses espérances. Il dut revoir à la baisse ses techniques et ainsi les former peu à peu, jusqu’à ce que le niveau moyen de la troupe soit potable. Ils ne combattirent pas pendant près d’un an et demi, s’entrainant sans relâche… Après des années de combats et d’entrainement ardus, les myrmidons devinrent enfin reconnus des Grecs, puis progressivement … honoré des Egyptiens, exalté des Chinois … leur réputation fut titanesque, allant même jusqu’à dépasser la puissance légendaire de la première génération de myrmidons …
Pour la première fois depuis le début de la soirée, le public applaudit, heureux de posséder un conteur si exceptionnel. Le vieux sage rougit légèrement sous les acclamations, avant de reprendre son histoire là où il l’a stoppée … A Sparte …


Chapitre neuf
La route de Sparte

« Que j’aille au nord, au sud ou encore à l’est, peu m’importe. Je n’ai pas de but, je suis un homme qui se demande pourquoi est-ce qu’il vit. La seule raison vivre que je possédais s’en ait allée, les dieux me l’ont enlevée. Mais après tout ce n’est pas une question banale, pourquoi vivons-nous ? Il y a-t-il une finalité, quelque chose doit-il briller ? Faire le bien, faire le mal, lequel des deux nous mènera sur la bonne route. Voyons-nous les choses comme nous devrions les voir ? Voyons-nous les choses comme les dieux veulent que nous les voyions ? Ceux-ci sont-ils satisfaits de leurs créations ? Ou plutôt déçus et exaspérés … »

Le soleil se levait sur les collines abritant le campement. L’activité était déjà au rendez-vous, des hommes s’entrainaient, d’autres harnachaient les chevaux et les chariots pour le voyage qui s’annonçait. D’autres encore, les gradés surtout, s’occupaient des directives concernant la distribution des unités restants près de Hélos, celles qui serviraient dans la défense de la ville-mère : Sparte. Puis encore les hommes qui accompagneront Léonidas jusqu’aux portes d’Athènes. Que ce soit pour Sparte ou Athènes, tout le monde faisait une escale de trois jours à Sparte, le général devant être reçu par le roi, ainsi qu’être présent à une réunion de première importance. La moitié d’armée qui sera reçue par les Athéniens devrait faire escale à la ville de Delphes, pour des raisons particulières. Puis au village d’Athénius, avant de finalement arriver à Athènes au bout d’une quinzaine de jours. Ces escales étaient nécessaires pour différentes raisons, notamment pour des choses impératives tels que la nourriture, la sécurité et le repos ; mais aussi pour le cas d’éventuels blessés, incapables de continuer. Achillas s’en était retourné dans sa tente après avoir écouté les instructions globales données par Léonidas à l’ensemble de l’armée. Celui-ci ordonnait l’ordre et la discipline, les landes étant particulièrement dangereuses ces derniers temps. Il a énoncé les zones dans lesquelles l’armée allait s’aventurer, ainsi que les consignes relatives à chacune d’entres elles. Tout combat engagé devait obligatoirement être terminé, aucun démon ou bête quelconque ne devait survivre, l’armée ne pouvant pas prendre le risque de se faire accrocher par des milliers de bêtes similaires aux rescapés, sans oublier que celles-ci seraient folles de la mort de leurs compagnons. Il rappela par-dessus toutes les règles élémentaires d’un déplacement massif et les règles primordiales de l’armée spartiate. Ce qui semblait de la routine pour la majorité de l’armée spartiate, elle ne l’était pas pour Achillas et Tian, ils tachèrent donc d’écouter chaque mots, afin de ne rien enfreindre et ce, même s’ils n’étaient pas entièrement enrôlés dans l’armée et présents à titre de voyageurs (en quelque sorte). Des mesures avaient été prises sur le corps d’Achillas, dans le but de lui confectionner une armure digne de ce nom, incluant plastron, protèges-bras, jambières et casque. Il reçut le tout quelques heures après, une armure classique certes, mais d’une résistance à toute épreuve. Le plastron et le casque étaient légèrement argentés, tandis que les deux autres parties se constituaient d’un mélange de fer et de cuir. Le tout pesait environ une quinzaine de kilos. Une nouvelle épée et un nouveau bouclier flambant neuf lui furent attribués. L’impression d’être un soldat était plus présente que jamais et Achillas se sentait bien sous ses protections, le myrmidon qui vivait en lui devant aimer ça. L’amnésique s’adonna à quelques échauffements matinaux. Pour ensuite tenter de combattre, engoncé dans sa toute nouvelle armure fraichement forgée. Les difficultés qu’il éprouvait au départ en termes de mobilité se trouvèrent vite comblées. Il alliait à présent force et rapidité, même chargé d’une vingtaine de kilos de barda. Pour le cas de Tian, celui-ci s’était contenté de demander une armure de cuir classique. Premièrement car ses muscles ne lui permettant pas de supporter le poids de l’armure choisie par Achillas. Et deuxièmement car d’après lui, le type d’archer qu’il était n’arborait pas d’armure présentant cette forme. Il fut sujet à quelques quolibets d’hoplites spartiates durant quelques heures, mais cela s’estompa rapidement sous l’ordre du général. La totalité semblait prête, tandis que le général Léonidas grimpait sur son cheval.

-Bien, tout le monde sait s’il reste ou s’il part ! Ceux qui restent, veillez à garder le camp en état ! Ceux qui partent, suivez-moi dès maintenant !
Alors que le soleil était au sommet de la voute céleste, bien au-delà des nuages, les soldats se mirent en route, descendant le chemin qui quittait le camp vers la région de Laconie, en route vers Sparte, en plein nord. Achillas avait rangé ses armes, c’est-à-dire épée et javelot, dans le fourreau intégré de son bouclier. Et il marchait à présent aux côtés de Tian et du général Léonidas monté sur son cheval. Le général semblait emprunt d’une part de curiosité aujourd’hui.
-Achillas, mon garçon, parlez-moi un peu de vous.
La question la plus redoutable, la question auquel il détestait apporter des réponses. Par soucis de facilité, il décida de simplifier son histoire, en retirant tout simplement l’épisode de son amnésie, en espérant que Tian ne la rajoute pas en compléments si Léonidas insiste.
-Je suis originaire du village d’Aois, aujourd’hui dévasté. J’y étais pêcheur et chasseur et j’ai fui avec ma bien-aimée lors de sa destruction par des satyres.
-Et où est-elle ?
Achillas ne comprit pas de suite la question et se contenta de demander de qui il voulait parler. L’air perplexe.
-Je veux parler de ta bien-aimée voyons …
Le déclic s’opéra, mais le myrmidon baissa les yeux de tristesse, il ne souhaitait pas s’étaler sur le sujet.
-Elle a disparu quand j’ai été enlevé par des esclavagistes …
Le général s’excusa deux fois de suite, la première fois concernant le sort tragique de Bérénice et la deuxième fois suite au fait qu’il dût s’éclipser pour répondre à l’appel d’un gradé marchand à l’avant des troupes. Tian demanda pourquoi il n’avait pas fait part de son amnésie, chose à laquelle Achillas se contenta de répondre par un signe las de la main. Alors qu’ils marchaient, un détail l’effleura, où était passé le vieil homme ? Etait-il resté au village de Hélos ? Il décida de se renseigner plutôt de continuer à errer dans de vagues suppositions.
-Tian ? Où est passé Yi ? Ton père.
-Il est parti, il a simplement laissé un parchemin codé sur la table de la hutte, il t’est d’ailleurs dédié, je te le donne.
Tian sortit un parchemin hors de son sac, celui-ci était entouré d’un métal chromé. Achillas le prit à la hâte, mais les questions sur le vieil homme étaient plus fortes que son avidité pour le contenu du parchemin.
-Parti ? Mais où ? Il n’avait nulle part où aller, il était esclave comme nous deux.
Tian ignorait où il pouvait bien être parti, son regard témoignait le même étonnement que celui d’Achillas. Malgré la sincérité que Tian affichait sur son visage, Achillas sentait une anguille sous roche. En effet, pourquoi ne l’avait-il pas prévenu plus tôt ?
-Tian, pourquoi ne m’as-tu pas prévenu ? De plus c’est ton père après tout, ça devrait t’alarmer qu’il est parti sans rien laisser …
Il jeta un regard furtif au parchemin enroulé.
-… à part ça.
Tian prit soudainement un rictus déformé par la rage, sa voix adopta un ton qu’Achillas n’avait jamais entendu auparavant.
-Mon père est toujours parti de cette manière ! Il fait ça depuis toujours et ne cesse de le faire. Je l’ai déjà croisé de nombreuses fois, mais aucune d’entre elles ne fut plus longue que deux mois. J’aimerais qu’il n’existe pas ! Il ne m’a pratiquement jamais adressé la parole ! Même en ne sachant pas que je suis son fils, il semble me haïr de tout son corps de manière naturelle et … !
Il finit par se calmer, sa voix était symbole de la souffrance. Il fixait droit devant lui, sans prononcer un mot de plus. Achillas acquiesça de la tête, respectant le silence qu’imposait son compagnon de route. Les spartiates entonnaient des chants de randonnés à l’intonation entrainante, qu’hélas Achillas ne connaissait pas. Tian et le myrmidon se sentaient exclus de la troupe. Un homme d’âge mûr remarqua leur désarroi et leur promis, à la première escale, de leur apprendre une série de chants. Achillas s’intéressa davantage sur les origines de ces chansons guerrières et le vétéran prit un grand plaisir à lui répondre.
-Eh bien, mon garçon, il s’agit de divers chants disposés à encourager à la marche, au combat ou à bien d’autres actions, ils permettent bien aussi de faire paraitre le temps moins long. Elles ont été inventées par des vétérans de guerres, certaines récentes, d’autres anciennes…
Achillas acquiesça, satisfait des informations. C’était un moyen comme un autre de s’occuper après tout. La route était totalement libre de démons et autres bêtes, la supériorité numérique des hommes devait probablement les forcer à se cacher. Une quelconque attaque devrait donc se caractériser par un nombre assez conséquent de monstres. Aussi étrange que cela puisse paraitre, les démons semblaient organisés et suffisamment intelligent pour adopter des stratégies. Même si l’assaut sur Hélos n’était pas extrêmement tactique, cela ne les empêche pas d’éviter des assauts qu’ils auraient jurés inutile. Léonidas l’avait dit lui-même : d’habitude ils ne se montrent pas si malins, mais cette fois, une force mystérieuse semblait les guider…
Achillas marchait au rythme imposé, relativement rapide mais son corps supportait largement l’allure, regardant le paysage majestueux s’offrant à lui … C’était aussi ça, voyager.

« J’en reviens à peine d’avoir été en présence d’Hermès lui-même. J’ai refusé l’immortalité, je ne vois pas ce que cela m’apporterais et je refuse de le devenir par simple intérêt pour d’autres personnes. Si j’aurais vécu au moment où ces démons foulaient le sol de la terre … alors là je me serais battu. Mais puisque je serai déjà mort, je n’ai nullement besoin de prolonger mon séjour sur terre. Je juge que j’aurais gagné suffisamment de batailles d’ici la fin de ma vie … sans encore en rajouter de plus complexe. Hermès me juge capable d’un jour battre Achille, c’est certes un rêve, un idéal, mais que j’ai à la fois envie et pas envie d’atteindre. C’est un sentiment difficilement explicable, ça se partage entre ma loyauté envers Achille, son respect pour sa puissance et mes ambitions, mes propres capacités. Je refuse peut-être de devenir meilleur que lui tant qu’il est en vie … ce serait bizarre de surpasser mon maitre, mon chef, mon frère d’épée … Je me suis fixé un but dans ma vie et ce but est de servir Achille, jusqu’au bout de ses péripéties, batailles, querelles et bien d’autres choses. A sa mort, peut-être que mon but changera. Pour le peu qu’il meure avant moi, ce qui est peu probable… »

Achille et Achillas étaient tous deux assis sur un banc de pierre ornant le petit cul-de-sac, celui-là même dans lequel le myrmidon avait combattu. Ils avaient jeté tous les corps dans le puits abandonné, avant de s’asseoir pour discuter, ce n’était pas tous les jours que l’on rencontrait un messager d’un dieu.

-Achillas, si les dieux t’ont envoyé un message c’est pour une raison particulière. Je peux savoir laquelle ?
Le soldat fixait la lune tout en parlant.
-Ils parlaient de la renaissance des Titans et d’une invasion de démons qui aurait lieu plus d’un siècle après ma mort … Ils me donnaient l’immortalité en échange de mon soutien. J’ai refusé, l’immortalité ne m’intéresse pas… Du moins pas dans ce monde de débauche dans lequel nous vivons.
Achille le fixait sans ciller, il écoutait chaque détail qu’Achillas lui racontait.
-Je vois. Tu as eu raison, notre monde ne vaut pas suffisamment pour qu’on y reste pour l’éternité … on s’en lasserait. On se lasserait de la stupidité de l’être humain. Tu ne crois pas ?
Achillas sourit, Achille lui avait décidément volé les mots hors de sa pensée.
-C’est exactement ce que je pense figure-toi. D’autres héros, plus envieux des mystères de la vie seront là pour combattre ces démons. L’espèce humaine a plus de ressources que ce que certaines personnes tendent à croire.
Le silence s’installa quelques instants, avant qu’Achille ne décide à poser une question amenant une fameuse réflexion.
-Achillas, apprécies-tu la vie de soldat ?
Le myrmidon fixa son interlocuteur, c’était une question qu’il s’était rarement posé. Ou alors, en de très rares et courtes occasions.
-Je … A vrai dire, je l’apprécie oui. Mais seulement grâce à cette liberté, cet esprit de petite troupe. Et aussi parce que notre chef, celui qu’on sert directement, sans qu’il n’ait de supérieur quelconque, se batte avec nous et pour nous. Sinon, se battre pour un roi qui ne parle jamais à un seul de ses subalternes ne dépassant pas le grade de commandant, tel Agamemnon par exemple, j’en serai vite lassé. Le contact est important, voila ce que je veux dire.
Achille affichait un sourire d’une sincérité sans faille, avant de lui-même raconter pourquoi il aimait, ou peut-être pas, la vie de soldat.
-Moi je n’ai pas spécialement eu le choix de devenir combattant ou pas. Je suis né pour combattre, c’est juste mon destin et j’ignore quand celui-ci s’arrêtera. La gloire était ce qui m’intéressait le plus avant de former les myrmidons. Mais maintenant, la vie avec vous a pris une toute autre tournure. Un père décédé et une mère immortelle, vous êtes probablement ma seule famille pour qui je dois m’inquiéter.
Sur ces mots, il se leva en tapant sur l’épaule d’Achillas.
-Excuses-moi mais maintenant, j’ai une femme à aller réconforter. Et toi aussi je crois.
Ils éclatèrent de rire avant de marcher ensemble dans les rues de Sparte, jusqu’à en revenir au palais de la cité, demeure du roi Ménélas. Achille parlait, encore hilare, de la réaction d’Eudore face à la vitesse à laquelle Achillas en avait eu fini avec le pari imposé. Et aussi comment Achille avait doublé le contenu de sa bourse sur un pari aussi naïf d’Eudore. Il raconta divers anecdote dans le même registre, chacune ayant une part de morale particulière. Achillas avait rarement vu de si bonne humeur l’homme qu’il servait. La mortalité avait au moins un avantage certains. Chaque moment est plus beau car il est unique …
Dernière édition par Black Heaven Fox le Mer Sep 01, 2010 12:10 pm, édité 1 fois.
-Achillas, conquérant niveau 61, Légendaire Fini
Son histoire:
http://www.titanquest-fr.com/forum/topic7699.html

Agis, assassin niveau 21, Normal Acte IV
Kalika, ritualiste niveau 12, Normal Acte I
Bérénice, future sage niveau 3, Normal Acte I
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Black Heaven Fox
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Messagepar Black Heaven Fox » Mer Sep 01, 2010 12:07 pm

Chapitre dix
La forêt maudite


« On m’as parlé de Delphes, de son oracle. On m’a expliqué de nombreuses anecdotes à ce sujet, les soldats comme les gradés. Je me suis dit que cet oracle, ayant un lien avec les dieux et que ceux-ci peuvent tout voir et entendre de ce qui se passe sur la terre, peut-être que ce voyant pourrait m’offrir des réponses sur mon passé. Après tout, le passé ne fonde-t-il pas le futur ? Néanmoins, certains spartiates m’ont prévenus que la consultation de l’oracle nécessitait une offrande et probablement pas n’importe quel bibelot de quelques pièces d’or … »

Cela faisait environ une heure que l’armée marchait sans relâche au travers des vertes plaines couvrant la distance entre Hélos et Sparte. Achillas en profitait pour discuter avec quelques hommes de la troupe, les questionnant sur Sparte, Delphes, Athènes, leurs histoires éventuelles ou encore les démons, ce qu’ils en savaient. Certains vétérans de guerre s’avéraient être de véritables archives humaines, ils comptaient sans relâche des récits de guerre récente ou lointaine, ayant parfois participé eux-mêmes à la bataille qu’ils contaient. Le myrmidon découvrit que les tensions entre la cité de Sparte et celle d’Athènes n’étaient pas un nouvel ordre du jour et que celles-ci se chamaillaient depuis près de deux siècles. Néanmoins, avec l’arrivée des démons, les dirigeants durent mettre leurs anciens conflits de côté ; le danger actuel étant bien trop grand pour se permettre de faire chacun pour soi. Pour beaucoup, ce n’était qu’une histoire de temps. Et dès que l’invasion des démons serait terminée, les guerres reprendraient de plus belle quelques années ensuite. Concernant Delphes, Achillas eut énormément d’informations sur l’oracle qui s’y trouvait. Celui-ci était particulièrement reconnu en Grèce et l’idée lui vint qu’il y trouverait peut-être des réponses sur sa propre destinée … Encore fallait-il se rendre à Delphes.
Las de parler et l’esprit toujours fixé sur la même femme, celle-ci pouvant être juste dans les bois à coté de lui tout comme elle pouvait être à des milliers de kilomètres par-delà la mer, Achillas marchait sur le même rythme en se contentant de marcher droit devant lui. C’était dur que de penser à autre chose, de vivre pour un autre but. Bérénice avait été sa seule motivation et maintenant en quoi pouvait-il trouver la force ? Sauver les hommes ? Aider l’armée de sparte ? Tout ceux-là pourraient être des buts, des « idées » à défendre au péril de sa vie. Même si elles étaient moins fortes que l’idée de se battre pour qu’une femme reste en vie à ses côtés, selon Achillas. Il restait une alternative, il s’agissait de se battre pour l’armée de sparte ou pour un autre but quelconque et de conserver le fait de sauver la vie de Bérénice en désir secret. Ne plus remonter ce but jusqu’à ce qu’elle soit en face de lui à nouveau. Cela paraissait bon. Alors qu’il errait dans le tréfonds de sa pensée, Tian l’interpella.

-Achillas, à quoi penses-tu ?
Le soldat réfléchit un instant, avant de répondre par une autre question.
-As-tu déjà été amoureux Tian ? Suffisamment pour que tu ne puisses plus fermer l’œil, marcher sur la terre ou combattre épée à la main sans avoir une pensée pour elle ?
L’archer lui sourit.
-A vrai dire oui, à ceci près que cet amour était à sens unique, elle ignorait ce que je ressentais pour elle.
-Et maintenant, où est-elle ?
Tian se mit à rigoler devant la question.
-Marié à un prince Mongol depuis environ deux ans maintenant. Je l’ai oublié dû à ce fait. Mais toi, ta bien-aimée a disparu c’est cela ?
-C’est plutôt moi qui est disparu à ses yeux. J’ai été enlevé par ces foutus esclavagistes sans qu’elle le sache et ils m’ont emmenés beaucoup trop loin de l’endroit où nous étions pour espérer la retrouver dans la même zone. De plus, trois mois et plus se sont écoulés sur le temps que j’étais esclave. Je n’ai aucune piste sur elle … Je suis impuissant. Si je vais à Sparte, c’est parce que j’ignore où la chercher. Je ne pourrais même pas localiser le village d’Aios sur une carte, je n’ai pas vécu assez longtemps là-bas pour connaitre les alentours comme ma poche.
Tian claquait de la langue, partageant le dégout qu’Achillas avait ressenti envers les esclavagistes. Il raconta lui-même comment ils l’avaient capturé alors qu’il était sur un bateau menant à Rhodes. En plus d’être esclavagistes, ils étaient de farouches pirates. Aucun doute là-dessus, ils étaient tous deux heureux d’avoir réglé leurs comptes une bonne fois pour toute. Achillas devait discrètement remercier le myrmidon qui dormait en lui, sans lequel il n’aurait jamais réussi à vaincre le maitre des esclaves.
Le paysage s’assombrissait alors que l’armée pénétrait dans les bois de Sérénisia, réputés pour abriter de nombreuses créatures carnivores à la fois dangereuses et sournoises. Un vétéran expliqua brièvement que le nom de « Sérénisia » venait d’une légende locale, celle-ci racontant qu’une nymphe portant ce nom fut violée par les hommes au centre même de cette forêt. Préférant mourir sur le champ plutôt que de continuer à hurler sous la pression des hommes, elle se perça le ventre, rendant son dernier souffle. Mais la nymphe Sérénisia, dans son ultime colère, décida de retirer la puissance bénéfique peuplant la forêt, en ne laissant que les êtres carnivores et maléfiques s’installer dans le bois. Les mêmes hommes qui l’avaient violée furent déchiquetés par une nuée de loup noir affamés. A entendre tout cela, un voyageur traditionnel n’aurait même pas pris le risque de s’aventurer par ici, à ceci près que c’était le seul chemin qui faisait office de route au sud de Sparte. Achillas observait les troncs à l’allure décharnée et les feuilles noircies par le manque de lumière. La nuit, cet endroit devait être pire qu’un cimetière. Le myrmidon regarda brièvement à gauche, une femme nue, légèrement bleuté et transparente se tenait contre un arbre à quelques dizaines de mètres plus loin. De fines larmes coulaient le long de ses joues. A son regard, une phrase lui vint dans son esprit, comme si la femme communiquait directement avec le tréfonds de son âme.

-Vous allez payer … votre châtiment ne s’est toujours pas terminé …
Interloqué, Achillas demandait pourquoi, tout en murmurant de manière inaudible. La femme bleutée lui répondit.
-Vous ne sortirez pas de cette forêt en vie … même vous, jeune myrmidon.
Les yeux du soldat s’agrandirent soudainement, comment savait-elle pour son passé ? Achillas la vit sourire d’un air sadique, quelque chose se tramait dans ses bois. Le vent confirma ses craintes, quelque chose se préparait à attaquer les hommes souillant ces terres maudites… Le myrmidon dégaina son épée.
-Aux armes ! Préparez-vous !
Certains soldats dégainèrent, plus par étonnement que par la réelle intonation d’un ordre venant d’un étranger à l’armée. Léonidas fit signe à l’armée de stopper sa marche et galopa vers Achillas.
-Achillas ! Que se passe-t-il ? Que faites-vous ?!
Le soldat fixait l’horizon boisé sans broncher.
-Nous ne sommes pas seul ici … général.
D’abord interloqué par la remarque, Léonidas réalisa bien vite la menace en apercevant une pluie de flèche descendre de la cime des arbres. Il hurla aux troupes de se mettre à couvert, mais l’attaque fut bien trop rapide et plus d’une dizaine d’hommes furent touchés, dont certains moururent sur le coup. Achillas para la flèche qui lui était destiné, avant de scruter à nouveau le bois, à la recherche des assaillants. Léonidas parcourait les troupes au galop, hurlant des ordres à gauche et à droite.
-Archer, en position ! Détectez ces archers ! Hoplites, en position défensive sur le côté gauche, levez vos bouclier en conséquence ! Peltastes, placez-vous derrière les hoplites et préparez-vous ! Dès que les cibles sont au sol, cavaliers et fantassins, vous viendrez avec moi ! Achillas, vous accompagnerez les fantassins ! Tian, vous rejoignez les archers de suite !
Tout le monde s’exécuta sans attendre plus. La discipline était de rigueur à Sparte et Achillas observait bien que l’armée spartiate était particulièrement entrainée à suivre les ordres au combat. En moins de deux minutes, tout le monde avait rejoint son poste, Tian et Achillas y comprit. D’autres volées de flèches vinrent se heurter aux défenses de l’armée, mais cette fois, les blessés furent insignifiants, voire inexistant. Les archers repérèrent les tireurs embusqués et s’empressèrent de les abattre un à un. Il s’agissait d’hommes mélangés à des araignées, communément appelés « Arachnéens » comme venait de le prononcer haut et fort la voix du général Léonidas. Des corps tombèrent du haut des arbres, certains verts, d’autres violacés. Quelques échanges de flèches suffirent à faire débarquer les troupes « terrestres » des hommes-insectes. Ceux-ci étaient plus grands que leurs acolytes archers et marchaient habilement sur les huit pattes articulées. Achillas ne bougeait pas, laissant les premières troupes s’écraser sur le mur d’acier des hoplites, attendant l’ordre de Léonidas.
-En avant ! Hoplites au centre, archer derrière eux, peltastes au millieu ! Fantassins à gauche et cavaliers à droite !
Les spartiates chargèrent, ponctué de plusieurs cris de guerre simultanés. Les arachnéens avançaient sans crainte, ils possédaient la même ardeur que les satyres rencontrés plus tôt par Achillas et Tian. Le myrmidon emprunta un javelot à au soldat qui courait à ses côtés et le lança avec force sur un arachnéen verdâtre qui sautillait droit vers eux. Celui-ci se planta dans le crâne humain de la bête, la faisant chuter raide morte sur le sol mousseux. Pour les lignes suivantes, les fantassins dégainèrent leurs épées pour attaquer. Achillas tranchait sans relâche les opposants en apparences infinis qui surgissaient de tous les côtés du bois. Leur tête et leur bulbe semblaient moins résistants que le reste, certaines parties telles que les pattes et le poitrail étaient quasiment immunisés contre les lames chez certaines araignées. Chose qu’Achillas s’empressa de signaler aux troupes. Il décapita un dernier arachnéen avant de hurler en travers de ce qui était maintenant un champ de bataille.
-Visez la tête et le bulbe ! Evitez les pattes et le poitrail !
Le général Léonidas s’empressa de répéter l’ordre un peu plus loin, afin que tout le monde puisse l’entendre. Achillas fit signe au général, satisfait. Sa légère distraction lui aurait couté la vie si un archer n’avait pas abattu l’arachnéen s’apprêtant à le trancher en deux. Achillas se retourna juste à temps pour voir la bête s’effondrer sur le sol, la tête percée d’une longue flèche, flèche caractéristique de Tian. Le myrmidon sourit, avant de se replonger pleinement dans la bataille qui faisait rage. Après quelques minutes de combat, les pertes semblaient supportables du côté des spartiates, tandis que les arachnéens montraient signes de faiblesse dû à la petite taille des groupes qui affluaient des profondeurs des bois. Lances, épées ou haches, Achillas se frayait un chemin sûr au travers de ses adversaires, quels que soit leurs armes. Il planta sa lame dans le bulbe dans une arachnéenne, suscitant un hurlement inhumain en provenance du faciès à demi-humain surplombant l’avant de la bête. Alors que le sang noir circulait librement sur le sol, un bref silence s’installa, durant lequel les spartiates observèrent les alentours. La victoire semblait acquise, mais personne ne criait après elle, sentant étrangement que les arachnéens gisants ici n’étaient que des premières lignes. Un hurlement surgit de derrière les troupes … les archers se trouvaient pris à revers par des arachnéens beaucoup plus massifs que leurs compères verdâtres et violets qui ne constituaient qu’un avant-gout. Les nouvelles araignées, tirant vers le rouge, étaient beaucoup moins nombreuses, mais se dotaient d’une force et d’une résistance autrement plus dangereuse. Il ne fallut que quelques microsecondes au général de Sparte pour réaliser la gravité de la situation.
-Hoplites et fantassins ! Faites barrière entre les archers et les arachnéens ! Peltastes, bombardez-les de javelots depuis le flanc droit ! Cavaliers, au flanc gauche avec moi !
Achillas accourut pour se placer devant les archers, à présents sans défenses face aux arachnéens qui les prenaient en traitre. Les nouveaux opposants se dotaient de puissantes dents d’où dégoulinaient de grosse goutes de venin qui avaient l’air, pour le moins virulentes. Le myrmidon para de justesse un coup d’épée qui s’apprêtait à achever Tian qui venait de chuter sous les coups de pattes répétés de l’araignée.
-Chacun son tour de sauver l’autre, mon frère.
Tian rigola légèrement avant de reculer suffisamment pour pouvoir décocher quelques flèches. Il boitait légèrement, ralentissant considérablement ses mouvements. Le myrmidon le couvrait en tentant de tuer l’arachnéen, mais celui-ci était particulièrement coriace. Il présentait une vélocité accrue et des réflexes à toute épreuve. Achillas jeta un coup d’œil à son bouclier : celui-ci devra être changé à la fin du combat, il arborait tellement de bosses et de trous qu’il en deviendrait bientôt inutile. Mais néanmoins, ce même bouclier finirait la bataille avec brio avant de rejoindre le cimetière de l’acier. L’araignée rouge tenta de mordre, chose qu’Achillas esquiva avant de frapper la tête de l’arachnéen à l’aide du bout de fer qui lui servait de bouclier. Achillas maintint la tête du monstre au sol à l’aide de son bras gauche, le bouclier profondément enfoncé dans la chair de la bête, tandis qu’il frappait à coup répété sur le coup de l’araignée qui semblait invulnérable. Après une quinzaine de coup, la bête était finalement décapité, mettant fin à ses hurlements proches de l’ultrason. Achillas s’essuya rapidement le visage, couvert d’éclaboussures pour le moins morbides, alors que les quelques spartiates qui avaient observés le combat du coin de l’œil l’applaudissaient maintenant tel un champion. Saisissant l’occasion de remonter le moral à tous ces soldats, Achillas leva son épée le plus haut que son bras lui permettait.
-Monstres, hybrides, démons ou autres ! Rien n’égale la puissance des hommes ! Leur rage, leur ardeur et leur courage qui sont leurs symboles pour l’éternité !
La réaction fut immédiate et la foule de soldats l’acclamèrent brièvement, avant de s’élancer violemment, le moral requinqué, sur les araignées rouges. Achillas regardait les alentours, il restait environ cinq araignées rouges et une seule araignée à l’aspect noirâtre. Celle-ci demeurait en retrait et ne semblait pas prendre part au combat.
-Tian, tu vois l’araignée là-bas ? C’est probablement leur chef, allons lui rendre visite.
Le chinois posa sa main sur son épaule, tentant de le faire reculer.
-Tu es dingue ?! Tu as vu sa taille ?!
-Si tu penses que je vais reculer sous ce genre d’argument, c’est raté.
Tian le suivit à contrecœur, préférant quand même être présent pour le couvrir contre l’attaque d’autres araignées plutôt que de rester en arrière et risquer de le regarder se démener. Achillas saisit la tête de l’araignée rouge qu’il avait décapitée et la jeta au pied de la reine arachnéenne, en signe de provocation. Le myrmidon souriait à la vue de la reine surprise du quolibet de l’humain. Son sourire s’effaça néanmoins quand cette même bête se rua vers lui. Elle était armée d’une longue épée hérissée de pique telle un rasoir et d’un bouclier couvert d’épines. Achillas inspira lentement, le combat s’annonçait ardu.
-Tian, couvre-moi bien et demande à un spartiate de ramener une torche.
L’archer s’exécuta et s’en alla de suite faire la demande tandis qu’Achillas plongeait sur le côté pour éviter la charge effrénée de la reine araignée. Il se releva de suite pour la frapper à hauteur du bulbe, mais bien plus maline que ses sbires, celle-ci se retourna d’un bond pour bloquer l’assaut de son bouclier. Les épines bloquaient légèrement l’arme qu’elle venait de bloquer, l’araignée en profita pour tenter de lui trancher l’abdomen, mais le myrmidon se baissa au même moment. Achillas la retira après quelques essais, se jurant de se montrer prudent à l’avenir. L’arachnéenne se déchainait sur le soldat, comme emprunte d’une folle frénésie. La force des coups donnés rendaient la parade difficile mais l’amnésique alliait l’esquive de tant à autres, afin d’éviter une surcharge sur son bras portant le bouclier. Il jeta un coup d’œil aux alentours, le combat semblait toucher à sa fin et nombreux étaient les spartiates qui observaient le combat en murmurant. L’un d’eux tandis un javelot à Achillas alors que celui-ci venait de sauter tel un tigre pour éviter le coup de patte qu’il avait failli subir. Le myrmidon attrapa le javelot et se retourna pour le lancer vers la reine toute proche. Le projectile alla se ficher à hauteur du coup, provoquant de léger saignement, mais la créature retira rapidement le morceau de bois afin de mieux repartir à l’assaut. Le soldat parait avec une dextérité sans pareille, mais le combat devait se terminer à un moment ou à un autre. Or, la reine était certainement plus endurante que lui. Il fixait tour à tour chaque élément qu’arborait la reine, puis chaque élément composant le décor. Il lui vint à l’idée que s’il parvenait à faire coincer le bouclier épineux dans un arbre noueux, il pourrait alors aisément trancher le bras protecteur du monstre. Achillas para quelques coups avant de reculer peu à peu vers le grand arbre qu’il s’était fixé. Reculer d’un coup aurait éveillé l’attention du monstre, cela il en était sûr ; c’était donc préférable d’y aller lentement. Après deux minutes, il parvint à l’arbre, s’essuyant le front de la sueur qui y coulait. Il s’arrangea pour forcer la reine à donner un coup de son bouclier et ce, en bloquant sa lame avec la sienne. L’arachnéenne tomba droit dans le piège alors qu’Achillas se baissait pour éviter le bouclier épineux qui arrivait vers lui. Le myrmidon se dégagea, l’araignée tenta de récupérer son bouclier, mais en vain. Achillas trancha le bras de la bête d’un coup net, provoquant un cri strident et une gerbe de sang sur la mousse au pied de l’arbre. L’adrénaline l’avait de nouveau envahit, faisant resurgir la force du myrmidon hors des recoins de son âme. L’arachnéenne mutilée attaqua de nouveau, mais ses coups se trouvaient fortement ralentis par la douleur lancinante qui émanait du bras tranché.
-Achillas ! Prends la torche !
Le myrmidon regarda la foule du coin de l’œil, Tian lui tendait une torche non loin de là. Il para trois coups désespérés de la bête, avant de lui lancer le bouclier vers la gorge. Les rebords oxydés s’enfoncèrent suffisamment dans la peau de la reine pour que celle-ci grogne de douleur tout en retirant le bouclier cabossé. Achillas prit la torche sur ce court laps de temps, arborant maintenant une épée dans la main droite et l’arme enflammée dans la main gauche. La reine des arachnéens se cambra, avant de repartir à la charge de son adversaire humain, tentant toutes les techniques possibles pour désarmer le bras gauche de l’opposant. Achillas suffoquait de fatigue, il devait finir ce combat au plus vite s’il ne voulait pas s’effondrer sur le champ. Dans l’un des derniers sursauts de son corps pour le moins exténué, il bondit sur le flanc droit de la bête en lui enfonçant l’épée au passage, avant de passer le bout de bois enflammé sur le bulbe composant l’arrière-train du monstre des forêts. Le monstre hurla de nouveau, de manière tellement forte qu’Achille aurait pu l’entendre depuis Athènes. Dans un dernier spasme de vie, l’araignée leva son épée au-dessus du myrmidon pour tenter de se rattraper … mais elle s’effondra, quelques secondes avant que sa volonté ne soit faite. Sa mort fit planer un silence rempli d’admiration envers Achillas et les acclamations fusèrent quand le vainqueur retira son épée du cou de la bête gisante. Les applaudissements et les sifflements fusaient à n’en plus finir, Achillas se contenta de s’asseoir sur le sol encore rouge de sang. Il inspirait et expirait des plus lentement, tentant de récupérer son souffle après un tel affrontement. Il leva les yeux suffisamment hauts pour voir Tian lui apporter une gourde pleine, laquelle Achillas se jeta dessus tel un affamé. Il en vida le contenu avant de la redonner à son propriétaire. Léonidas s’avançait lentement vers l’amnésique assis dans l’herbe. Il affichait une expression mêlant étonnement et admiration.
-Achillas, je ne vais pas mâcher mes mots …. Tu es un héros …
Le myrmidon se contenta de lui sourire, ne trouvant rien à dire de particulier. Les soldats se dispersèrent pour récupérer à la fois armes, armures et hommes morts. Les armes et armures inutilisables furent brûlées sur un monticule tandis que les morts, au nombre de trente-huit, furent brûlés chacun séparément. Tous méritant d’une belle et fière pierre tombale. Achillas observait silencieusement le funèbre cortège, reflet à la fois de tristesse et de gloire … tandis que Tian aider à porter les corps des hommes morts. Le myrmidon aurait volontiers aidé ses compagnons, mais ses propres muscles frôlaient la mort intérieurement. Il s’allongea au milieu d’un lit de feuille morte, Léonidas avait déclaré que le camp allait être placé ici en attente du lendemain dû à l’affrontement du jour, mais Achillas était bien trop épuisé pour attendre que les tentes soient placées. Il se laissait bercer par le bruit des feuillages, avant de se laisser envahir par le sommeil …
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Messagepar Jean » Mer Sep 01, 2010 6:20 pm

C'est une très libre adaptation de la trame de l'histoire de Titan Quest. Content de retrouver quand même quelques petits repères ! :yeah:
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Messagepar Asurmen » Mer Sep 29, 2010 9:12 am

Hé Black Heaven Fox ça fait 1 mois qu'on attend la suite!
Faut pas te fier au peu de réactions des forumers...
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Asurmen
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Messagepar Itioque » Mer Sep 29, 2010 12:58 pm

Sans hésiter j'aprouve !! C'est génial, vraiment ! J'attend la suite avec impatience :D
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